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surtout les excellens ouvrages de mon vieil ami Becq de Fouquières. Un amour commun pour le grand poète nous avait étroitement liés. Ce même amour nous rejoint encore, malgré la mort. C’est dans son livre des Documens nouveaux, véritable chef-d’œuvre de critique judicieuse et perspicace, qu’il a expliqué ses idées sur un classement possible des Bucoliques. Celui que j’ai imaginé, bien que différant notablement du sien, part du même principe. « Tout classement sera toujours factice, dit-il. Le plus clair sera le meilleur. » Ces deux courtes phrases pourraient servir d’épigraphe à ce livre.

La classification adoptée est donc factice et arbitraire, mais aussi logique qu’elle pouvait être, vu l’état des manuscrits. Un ordre arbitraire, pour un livre, est préférable au désordre. « Ce classement, il faut le dire, ajoute Becq de Fouquières, demandera beaucoup de soins et offrira beaucoup de difficultés ; mais nous croyons qu’en procédant ainsi, on obtiendra un ensemble harmonieux et compréhensible. » Nous espérons y être parvenu. Mais l’excellent scoliaste d’André Chénier pourrait seul comprendre au prix de quels efforts, et par quel travail acharné, cent fois fait et défait et cent fois recommencé. Je ne ferai pas le compte de ces tâtonnemens infinis, de tant de doutes, de reprises, de repentirs. Le lecteur se refuserait à me croire. Puisse-t-il m’accuser d’exagération en parcourant ce livre et trouver tout simple ce qui a coûté tant de peine.

En divisant les Bucoliques en dix parties, j’ai pu y faire tenir toutes les poésies, jusqu’au moindre vers, et toutes les esquisses en prose de quelque intérêt. Les notules scientifiques et littéraires qui, par leur caractère spécial, auraient pu nuire à l’harmonie de l’ensemble, ont été, pour la plupart, reportées aux Notes. J’ai dû, à regret, en omettre un très petit nombre, entre autres, le joli morceau sur la poésie chinoise cité par Sainte-Beuve. On y pourrait trouver la matière d’un appendice de trois ou quatre pages.


Voici, aussi brièvement que possible, le détail de cette classification :


I. POEMES. — André Chénier avait inscrit le mot Ydille en tête des deux poèmes dont nous avons les originaux, la Liberté et le Malade, Idylle signifie proprement. tableau poétique, pièce