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de l’Amérique il y a quatre siècles. Or, c’est elle aujourd’hui, qui, de toutes les parties du monde, produit le plus de céréales et nourrit le plus de bétail.

Le Mexique est l’un des exemples de cette révolution. Sur ses 8 000 grands domaines, 1 600 ont pour principale industrie l’élevage et 3 000 la culture des céréales. Ni l’un ni l’autre ne sont encore aussi développés qu’ils pourront l’être un jour. L’élevage, surtout, paraît avoir un très grand avenir devant lui. Avec ses 5 millions de têtes de gros bétail, le Mexique laisse loin en arrière la plupart des pays européens ; mais de combien n’est-il pas encore inférieur aux Etats-Unis qui en ont plus de 60 millions ! Dans la grande République, l’élevage, repoussé par la culture, qui s’avance de plus en plus vers l’Ouest, commence pourtant à reculer ; c’est une occasion favorable pour les propriétaires mexicains d’augmenter leurs troupeaux, car ils seront peut-être appelés bientôt à suppléer la production indigène devenue insuffisante et à alimenter en partie les immenses fabriques de conserves de viande de Chicago, de Saint-Louis ou d’Omaha. Les moutons sont moins nombreux que les bœufs puisqu’il n’en existe que 3 millions et demi. Les grands plateaux secs du Nord, où le froid est beaucoup moins intense qu’aux Etats-Unis et n’oblige pas à rentrer les animaux pendant l’hiver, sembleraient pourtant leur offrir un terrain aussi favorable que l’Australie, où les pluies sont plus rares et les pâturages plus maigres encore, et dont le troupeau avait atteint un moment jusqu’à 100 millions de têtes. Il n’a pu se maintenir à ce chiffre, mais la réduction même qu’il a subie, le recul de l’élève du mouton dans bien d’autres contrées, la hausse de la laine qui s’ensuit et qui semble chronique, sont autant de causes qui doivent augmenter les profits des éleveurs en un pays aussi propre à leur industrie que le Nord du Mexique. L’extension du troupeau de moutons comme du troupeau de bœufs ne paraît donc pas douteuse. Il sera nécessaire seulement de les améliorer pour que le Mexique devienne vraiment le grand pays d’élevage que la nature le destine à être.

L’agriculture proprement dite ne trouve peut-être pas sur le sol mexicain un terrain aussi favorable que l’élevage. La sécheresse nuit et nuira toujours à son développement sur une grande partie des plateaux. Aussi le Mexique ne sera-t-il sans doute jamais un des greniers de l’humanité ; cependant les produits