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du tir indirect. Les batteries russes souffrirent peu. Contre les shrapnells les servans se terraient et le tir était suspendu, de sorte que la lutte d’artillerie fut rarement simultanée. Dans quelques cas, des batteries russes, que les Japonais paraissaient avoir repérées, changèrent de place dans les intermittences du feu et échappèrent ainsi à la destruction. Deux batteries russes subirent une fois de grandes pertes, parce qu’ayant opéré un déplacement, elles avaient creusé des fossés insuffisans.

Contre les tranchées, les Japonais employaient simultanément les shrapnells et les obus à explosifs. Ces derniers ne produisaient guère d’effet. Leur détonation est violente, mais les troupes s’y habituent vite, de sorte qu’ils n’agissent même pas sur le moral. Il est maintenant reconnu que les explosifs ne doivent être employés qu’avec des obus de grande capacité.

La consommation de munitions a dépassé de beaucoup toutes les prévisions. Pour fixer les idées, citons un seul chiffre. Le 23 juillet, à Tachichiao, 3 batteries russes (24 pièces) tirent 7 402 coups. L’une des batteries a tiré 4 008 coups, soit 502 coups par pièce.

La nécessité d’une artillerie plus puissante que l’artillerie de campagne s’est manifestée dès le commencement de la guerre, aussi bien du côté russe que du côté japonais. Les Russes ont même utilisé des mortiers. A Lyao-Yang, 6 batteries de mortiers étaient réparties, par deux, dans les 7e, 10e et 3e corps. Leur faible portée ne permit d’en utiliser que 4. Toutes les fois que les circonstances l’ont permis, des pièces de siège ont été amenées sur le champ de bataille. Le 2 septembre, à Lyao-Yang, le général Okou attaque au centre par le chemin de fer. Son artillerie est groupée par division. Des canons de 15 centimètres avaient été amenés sur trucs. Le 3 septembre, grâce à l’action de cette artillerie de gros calibre, le général Okou put porter son artillerie de campagne jusqu’à 1 200 mètres des lignes russes. Les deux infanteries se fusillaient à 800-600 mètres. Cependant, malgré la superposition des feux d’artillerie et de mousqueterie, les Japonais n’arrivèrent pas à dominer le feu des tranchées. A dix heures et demie, ils donnèrent un assaut désespéré. Ce ne fut qu’un affreux carnage et la situation resta la même jusqu’à la nuit. Il fut reconnu que l’artillerie de gros calibre n’était pas assez nombreuse.

Dans l’organisation défensive du champ de bataille de Mouk-