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den, des batteries de canons de siège ont été placées en face de la station de Shahopou. Dans la nuit du 28 février, malgré les projecteurs électriques japonais, les Russes s’emparent de la tête de pont du Chaho et s’y maintiennent. Ils n’ont évacué cette position que le 7 mars sur l’ordre de Kouropatkine.

Pendant la bataille, il a été quelquefois fait usage de ballons. Le 28 août, les Russes, au moyen d’un ballon captif, ont pu rectifier le tir de leur artillerie. En général, ils ont été peu utilisés.

L’artillerie de gros calibre comme le mortier sont maintenant indispensables aux armées de campagne. Il faut prendre son parti de cette nécessité. Il en est de même des mitrailleuses. L’infanterie comme la cavalerie doivent en être pourvues. Elles sont d’un emploi constant, car elles permettent de tenir solidement des espaces étendus avec peu de monde.

« Quiconque, à l’heure actuelle, croit encore à la valeur des positions est d’avance marqué au front par le démon de la défaite. Avec les armes actuelles, la mobilité permet seule d’échapper à la destruction. Qui se fixe est écrasé, et lorsque, dans la bataille de 40 à 50 kilomètres de front, le général aura réussi à immobiliser son adversaire sur des positions, la victoire ne sera plus qu’une question d’heures, elle ne saurait lui échapper. »

Ces lignes ont été écrites dans la Revue de Paris du 15 juin 1898. La méconnaissance de ces vérités a valu à l’armée russe une suite ininterrompue de défaites. Sa persistance à s’accrocher à des positions fît croire pendant quelque temps que les états-majors n’ayant aucune confiance dans l’aptitude du soldat russe au combat de tirailleurs voulait le tenir en main sur des positions défensives, ou bien le lancer en ordre compact droit sur l’ennemi, dans des attaques à la baïonnette. A partir du 26 août 1904, l’infériorité numérique de l’armée russe ne pouvait plus être invoquée comme la raison de cette défensive. A la bataille de Lyao-Yang les Russes ont 220 000 hommes et 600 pièces, les Japonais 190 000 hommes et 500 pièces. A la bataille de Moukden, le 25 février 1905, les Russes ont 380 000 hommes et 1 400 pièces, les Japonais 320 000 hommes et 954 pièces ; soit 60 000 hommes de moins que les Russes. On est donc obligé de reconnaître que la conception russe de la guerre est celle de la défensive sur des positions organisées, suivie de contre-attaques. Tenir solidement des lignes d’ouvrages