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jointe à son ouvrage. — Lettow est tout particulièrement reconnaissant au chef de la section historique de l’état-major français, le colonel Coutanceau, qui a été autorisé à lui ouvrir nos archives de la Guerre ; et aussi au colonel Stoffel, — notre éminent attaché militaire de Berlin avant 1870 — qui lui a fourni d’utiles renseignemens tirés de son important ouvrage, à peu près terminé, sur la campagne de 1815.

Napoleons Untergang est, on le voit, par l’autorité de l’auteur, par les ressources considérables mises à sa disposition, documens officiels et autres, une œuvre digne d’attirer l’attention. Elle a été très bien accueillie en Allemagne. Vers l’époque où elle a été publiée, l’empereur Guillaume a soulevé, par un de ses discours, de naturelles susceptibilités en Angleterre, en affirmant que la victoire de Waterloo était due surtout à l’intervention de l’armée prussienne. Il est probable que l’ouvrage de Lettow a été pour quelque chose dans cette affirmation.

La section historique de notre état-major s’est occupée de cette œuvre, dès qu’elle a paru. Elle en a publié — dès le mois de juillet 1904 — un compte rendu détaillé, qui montre l’importance, le grand intérêt que présente cette publication, la compétence, l’impartialité de l’auteur, qui a su renouveler la question de 1815 ; elle émet le vœu que cet ouvrage soit bientôt traduit en français. En attendant que cette traduction ait été faite, il m’a semblé qu’il serait intéressant d’analyser, d’après le texte allemand, les appréciations de Lettow sur les événemens et les décisions qui ont le plus pesé sur l’issue de la campagne de 1815 ; et d’examiner si l’on peut en tirer quelque indication utile à l’achèvement de notre réorganisation militaire.

La campagne de 1815 a duré quatre jours. En voici les grandes lignes : Après avoir passé la Sambre autour de Charleroi, le 15 juin, Napoléon divise son armée en deux ailes et une réserve. L’aile gauche, commandée par le maréchal Ney, comprend les corps Reille, d’Erlon et quatre divisions de cavalerie ; elle doit marcher sur Quatre-Bras. L’aile droite, commandée par le maréchal de Grouchy, comprend les corps Vandamme et Gérard et deux corps de cavalerie, Pajol et Exelmans ; elle doit marcher sur Sombreffe. L’Empereur conserve dans la main la réserve, composée du corps Lobau, de la Garde, des cuirassiers Milhaud, pour se porter tantôt sur une aile, tantôt sur l’autre, suivant les circonstances.