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ÉLECTRICITÉ
ET
TRANSPORTS URBAINS

LONDRES — PARIS — BERLIN

A notre époque, les traits particuliers dont l’ensemble constitue l’originalité de la population de telle région ou de telle métropole, s’effacent ou, tout au moins, s’atténuent. L’aspect des quartiers neufs de toutes les grandes villes, dont l’outillage édilitaire se copie, tend à se ressembler, à s’égaliser.

L’extrême facilité des simples déplacemens, voire des grands voyages, a mêlé les classes, les individus et les costumes, usant nos aspérités, effaçant les reliefs les plus saillans de notre apparence extérieure, au grand dommage du pittoresque. Par surcroît, le nivellement égalitaire de nos modernes démocraties pousse aisément chacun, — parce qu’il veut paraître de la classe supérieure, — à tenir pour gênante l’empreinte caractéristique de sa condition ou de sa profession, décelant son lieu d’origine ou marquant au dehors les différences de son éducation. En exagérant un peu l’effet de cette tendance, on pourrait exprimer la crainte qu’une telle façon de vivre ne laissât bientôt plus les occasions de diversifier les modèles, de multiplier assez les échantillons pour garder l’attrait de la variété, qu’il s’agisse d’hommes ou de choses. Ce serait pour la prochaine humanité la limitation à quelques types moyens, déjà fâcheusement subie, pour ses produits manufacturés, par la grande industrie.