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Et la fin de la lettre est relative à la nomination du prince de Soubise comme maréchal de France. Dira-t-on que la seconde partie de cette lettre infirme la première ? C’est impossible. L’une et l’autre se complètent, et elles font voir l’extrême difficulté qu’il y aurait à vouloir aujourd’hui, dans l’état actuel de la science, porter un jugement définitif sur les phénomènes incompréhensibles qui ont si profondément divisé Voltaire et son frère.


A. GAZIER.


DEUX POÈMES INÉDITS DE 1728 ATTRIBUÉS A VOLTAIRE

Les deux poèmes dont il a été question ci-dessus, et que les contemporains attribuaient à Voltaire, nous ont été conservés par Louis Adrien Le Paige, avocat au Parlement et plus tard bailli du Temple. Ce savant bibliophile avait inséré dans ses admirables recueils de pièces deux copies différentes de chacun d’eux. Transcrits par des ignorans, les vers de Voltaire ont subi quelques mutilations sans grande importance, et les deux copies ne sont pas absolument semblables. Pour établir le texte, j’ai choisi celle qui paraissait la meilleure, et l’autre a fourni quelques variantes utiles. On trouvera sans doute un jour, soit à la Bibliothèque nationale ou à l’Arsenal, soit dans les collections particulières, des copies analogues, et l’on pourra obtenir une édition définitive de ces deux poèmes qui ne sont pas indignes de l’auteur de la Henriade et qui font mieux connaître son caractère.

<poem>

POÈME HÉROÏQUE DE M. AROÜETTE DE VOLTAIRE
[d’une autre main : Jansénius… 1728 pour le plus tôt]

Je chante un saint prélat que de fiers ennemis Veulent chasser du ciel où ses vertus l’ont mis, Source de tous les maux dont l’Église affligée Voit ses flancs déchirés et sa foi partagée. Toi qui pour mettre au jour les trames des méchans D’un monarque prophète[1] as dirigé les chants, Esprit saint, Dieu puissant, pour marcher sur sa trace, Donne-moi les secours qu’il reçut de ta grâce. Dans un antre je suis, comme lui, confiné ; Fais que l’exil injuste où je suis condamné

  1. David, note du ms.