Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/800

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les plus riches et les plus menacées, et l’Indo-Chine a été classée en première ligne.

En étudiant les forces des adversaires qui pouvaient nous être opposés, le Comité consultatif a reconnu l’impossibilité d’entretenir constamment dans la colonie les troupes nécessaires à la protéger entièrement. Nous ne pouvons maintenir en tout temps dans les mers de Chine la flotte suffisante pour nous assurer la maîtrise de la mer contre le Japon, par exemple : la place de nos escadres est sur nos côtes. Mais il est dans nos moyens de constituer les flottes de torpilleurs et surtout de sous-marins qui assurent la défense maritime de nos bases d’opérations navales. Ces flottilles doivent être assez fortes, sinon pour défendre toute l’étendue de nos côtes contre un débarquement, du moins pour entamer sérieusement l’adversaire et gêner efficacement ses transports. A terre, les moyens de défense doivent permettre à la résistance de gagner le temps nécessaire à nos escadres pour reprendre la maîtrise de la mer et à nos renforts pour venir de la métropole.

La défense de l’Indo-Chine a donc été considérée comme celle d’une place assiégée, forcément prise si elle n’est secourue. Il a paru nécessaire d’y organiser deux réduits, l’un en Cochinchine, l’autre au Tonkin, et de faire appel pour leur défense à toutes les ressources de la fortification moderne, afin d’obliger l’adversaire au déploiement d’un matériel considérable, dont le transport sera gêné par notre défense mobile à la mer, et ensuite à d’importans travaux, dont notre défense mobile à terre doit retarder l’ouverture. La résistance de Port-Arthur, qui a duré onze mois, dont sept de siège régulier, nous montre le parti qu’on peut tirer de places fortes convenablement armées et défendues.

Nous examinerons rapidement les conditions actuelles de notre défense navale, le choix et l’état présent des deux réduits, puis la défense de nos frontières terrestres.


Si notre défense mobile à la mer ne réussit pas à empêcher un débarquement de l’adversaire, elle doit, en tout cas, pouvoir entamer sérieusement ses unités de combat et harceler sa flotte de transport : c’est le rôle des flottilles de torpilleurs et de sous-marins, qui ne le peuvent efficacement remplir sans l’installation décentres fortifiés et de postes de refuge où ils trouvent abri, rechanges, force motrice. Une défense fixe doit s’opposer au