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Il conviendrait également de nous montrer envers eux moins avares des décorations coloniales que nous ne prodiguons que dans la métropole ; — aux yeux de nos protégés de l’Indo-Chine, elles ont gardé une grande valeur.

La seule tentative pour relever le niveau de nos cadres indigènes est due à l’initiative des colonels commandant les régimens. Ils ont créé des écoles d’enfans de troupe, entretenus, faute d’autres ressources, par les retenues réglementaires opérées sur la solde des hommes punis de prison. Ces retenues devraient être versées à l’ordinaire, qui n’existe pas dans nos troupes indigènes ; et, en invoquant ce règlement inapplicable, un inspecteur des Colonies avait provoqué leur suppression par un câblogramme ministériel. Sur un avis du Conseil de défense, le ministre a bien voulu les maintenir provisoirement ; mais cette institution précaire a besoin d’être réglementée, développée et dotée de crédits réguliers, La création d’une école de sous-officiers compléterait heureusement ces écoles régimentaires.

Les tableaux annexés à la loi du 19 septembre 1900 ont réduit à 4 par compagnie le nombre des sergens indigènes ; nous pensons qu’en vue de l’encadrement de nos réserves le nombre de huit sous-officiers indigènes devrait être rétabli. Quand ce relèvement de nos cadres subalternes sera obtenu, nous pourrons songer à rétablir les officiers indigènes en Indo-Chine en créant une école militaire qui remplisse pour l’armée le rôle de nos écoles de médecine et de nos écoles professionnelles pour les carrières civiles.


En résumé, notre armée indigène est bien instruite et bien commandée. Notre discipline militaire y est suffisamment souple pour s’adapter aux mœurs du pays tout en façonnant des soldats ; les traditions de nos régimens de tirailleurs sont assez fortes pour créer l’esprit de corps sans supprimer les initiatives personnelles, très généralement heureuses. Le seul vœu que nous ayons à exprimer est de voir se généraliser l’instruction morale — nous oserons dire civique — de nos soldats, afin que, revenus dans leurs villages ils reprennent rang dans la société annamite pour y être d’utiles agens de notre influence.

Mais cette armée, bien commandée sur place, est déplorablement administrée par le département métropolitain. La question primordiale du recrutement en Cochinchine doit être tranchée