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toiles des deux Salons, c’est-à-dire, avenue d’Antin, celles de M. Simon : Jour d’Été, de M. Guiguet : Espiègle, Enfant à la poupée. Portrait de Mme D., de M. Garrido : A la Comédie, de M. H. de Beaumont : Etude dans l’atelier, de M. Berton : La Toilette après le Bain, de M. Lobre : Un salon Louis XV à Versailles, et de M. Walter Gay : Fin de déjeuner et la Bibliothèque, sont des scènes intimes, des décors clos, des gestes sobres, ou même parfois le silence et l’immobilité. Avenue des Champs-Elysées, il en est de même et le Dernier voyage de M. Spenlove-Spenlove, le Départ des Barques de M. Henri Royer, l’Après-Midi sur la Digue de M. Fidrit, la Nageuse (N° 350) de M. Chabas, le Retour de Kermesse de Mme Duprez Van Elten, la Ronde des petites Bigoudennes de M. Doigneau, le Music Master de M. Congdon, les Pèlerins d’Emmaüs de M. Tanner, c’est-à-dire les toiles les plus intéressantes de l’immense défilé, sont toutes des impressions, soit d’intimité, soit d’émotion tranquille et simple, sans aucun événement extérieur.

Ceux qui sortent de ces jardins secrets et vont peindre en plein jour plantent immanquablement leur chevalet au bord de l’eau. Jamais l’eau dans la nature n’a été plus consciencieusement étudiée. On la voit au premier plan de presque tous les paysages, et, en entrant, dans l’un ou l’autre Salon, c’est ce qui frappe tout d’abord.

Jamais, à ce point, Venise, par exemple, n’avait attiré les peintres. Il y a peu d’années, M. Franc Lamy semblait la découvrir. Il remplissait les salles d’une exposition tout entière des multiples aspects qu’il avait cru y observer. L’an dernier, M. Pierre Vignal en faisait le sujet de plusieurs des admirables aquarelles qu’il exposait à la galerie Georges Petit. Cette année, M. Marcel Coignet en tapissait également deux salles de la même galerie et M. Maxime Dethomas, laissant aux autres les joies de la couleur, cherchait tout ce qu’on peut dire de Venise avec quelques traits au fusain, synthétiques et précis.

Enfin, les premiers paysages qu’on voit en entrant dans la salle I des Champs-Elysées, signés Maurice Bompard, portent ce titre suggestif « Les Pierres de Venise ». De même, avenue d’Antin, ce qu’on aperçoit tout d’abord, au haut de l’escalier, en entrant dans la salle X, sont les dômes et les lagunes de M. Iwill. Et le pèlerinage ainsi annoncé se poursuit d’un bout à l’autre des salons de l’avenue d’Antin, grâce à MM. Iwill, Eugène Vail, Gillot, Le Sidaner, Alfred Smith, Koenig et Bernard Harrison, et s’achève