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rapport, aux colonies anglo-saxonnes, et elle donne un excellent exemple aux autres possessions françaises.

L’extension du réseau ferré témoigne aussi de cette inappréciable qualité. Lors de l’occupation de la Tunisie, il y existait à peine 250 kilomètres de chemins de fer : l’accroissement de ce réseau fat longtemps entravé par l’opposition systématique, dans le Parlement métropolitain, d’un homme doué d’une redoutable puissance de négation et de destruction, M. Camille Pelletan. Il fallut une demi-douzaine d’années pour que la Tunisie pût triompher de cet obstacle et recouvrer la liberté des concessions des voies ferrées. Depuis lors, tous les principaux ports de la Tunisie sont reliés ou vont l’être à la frontière algérienne. Tous les chemins de fer ont été faits à la voie économique de 1 mètre, qui est considérée dans le monde entier comme la voie coloniale normale et qui, ainsi que le prouve l’exemple décisif de la Société de Gafsa, peut se prêter à un énorme trafic. La Tunisie a ainsi en exploitation, à l’heure présente, 1 180 kilomètres de voies ferrées ; avec les lignes en construction elle en aura 1 600 dans deux ans, et il est probable qu’elle arrivera à en posséder près de 2 000 dans six ou sept ans. Ce réseau important n’aura exigé, en dehors des lignes existant avant l’occupation, presque aucun sacrifice du Trésor, l’abondant trafic des phosphates et des produits miniers venant heureusement s’ajouter à celui des denrées et des voyageurs.

Aidé par cet outillage et par ces ressources nouvelles, le commerce extérieur de la Tunisie qui, dépendant exclusivement des récoltes, oscillait, avant l’occupation française, entre 18 millions (chiffre minimum en 1878) et 27 millions (chiffre maximum en 1876), s’est élevé graduellement à 44 millions en 1883, 51 millions en 1888, 81 millions en 1891, 105 millions en 1899, 155 millions en 1903 et 160 millions en 1904, dont 77 millions en chiffres ronds aux exportations : il a donc septuplé depuis l’occupation.

Les finances publiques ont également pris un vif essor : de 10 à 12 millions, dont plus de la moitié affectée au service de la dette avant l’occupation française, sous le régime de la Commission financière internationale, qui était formée de représentans de l’Angleterre, de la France et de l’Italie, le budget ordinaire des recettes de l’ancienne Régence s’est graduellement élevé à 20 millions