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plateau de Bir-Sabeh et le massif du Djebel-Makra, et vient aboutir à la Mer-Rouge au fond du golfe d’Akaba. Ce port, situé un peu à l’Est de la pointe septentrionale du golfe semble donc être incontestablement turc, tandis que Tabah, placé un peu à l’Ouest, serait égyptien. Le Sultan, pour assurer la sécurité des pèlerins se rendant d’Égypte à la Mecque, avait, en 1840, autorisé le Khédive à mettre des gendarmes dans certaines localités, notamment à El-Ouedj, Dabah, Mouellah, petits ports de la côte du Hedjaz, et à Akaba. A l’époque de l’avènement du Khédive actuel, Abbas-Hilmi, en 1892, ces localités firent retour à l’administration du vilayet du Hedjaz ; le fait est constaté dans le firman d’investiture ; mais, tant dans le firman lui-même, dont le texte ne reproduisait pas exactement celui dont la Porte s’était servi pour Tewfik-pacha, que dans une dépêche explicative adressée le 8 avril 1892 par le grand vizir au Khédive, certaines phrases laissaient entendre que l’administration de la péninsule Sinaïtique relevait du vilayet du Hedjaz et que la frontière devrait aller, non d’El-Rifah à Akaba, mais d’El-Arich à Suez, donnant toute la péninsule à la Turquie et prolongeant le territoire directement soumis au Sultan jusqu’au bord du canal de Suez. C’est contre une pareille interprétation que, dès cette époque, le gouvernement britannique ne manqua pas de protester : sans délai, le 11 avril, sir Evelyn Baring (depuis lord Cromer) télégraphia au ministre des Affaires étrangères du Sultan, Tigrane-pacha, pour lui demander si des explications avaient été données au Khédive au sujet de la différence de rédaction constatée entre le firman de 1892 et ceux qui l’avaient précédé. Tigrane-pacha répondit en communiquant au représentant du gouvernement anglais en Égypte la dépêche adressée le 8 avril par le grand vizir au Khédive. Il y était dit :

Il est à la connaissance de Votre Altesse que Sa Majesté le Sultan avait autorisé la présence à El-Ouedj, Mouellah, Dabah et Akaba, sur le littoral du Hedjaz, ainsi que dans certaines localités de la presqu’île de Tor-Sinaï, d’un nombre suffisant de zaptiehs (gendarmes) placés par le gouvernement égyptien à cause du passage du Mahmal (pèlerinage) égyptien, par voie de terre. Comme toutes ces localités ne figurent point sur la carte de 1257 remise à feu Mehemet-Ali-pacha et indiquant les frontières égyptiennes, El-Ouedj en conséquence a fait dernièrement retour au vilayet du Hedjaz, par iradé de Sa Majesté Impériale, comme lui ont fait retour dernièrement les localités de Dabah et de Mouellah. De même Akaba aujourd’hui est également annexé au dit vilayet et, pour ce qui est de la presqu’île de Tor-Sinaï, le statu quo