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Nous sommes déjà loin du rayon d’action du Bouvet.

Ainsi l’on accroît de plus en plus le rayon d’action des grosses unités destinées à former le corps de bataille. Ces bâtimens peuvent en effet être entraînés à guerroyer hors des mers d’Europe.

Les croiseurs cuirassés, très discutés aujourd’hui, répondent à d’autres objectifs que les cuirassés. Il leur faut, pour battre les mers, un rayon d’action beaucoup plus étendu : le chiffre de 15 000 milles paraît un desideratum convenable. Mais nous n’y sommes pas encore.

Le croiseur Léon-Gambetta, lancé en 1901, prend 2 100 tonnes (99 tonnes de pétrole sont comprises dans ce chiffre) et peut parcourir 12 000 milles, ce qui représente 50 jours de chauffe, à 10 nœuds. Les nouveaux croiseurs Victor-Hugo, Michelet, Edgar-Quinet, Waldeck-Rousseau, Ernest-Renan, auront également un rayon de 12 000 milles. Nous enregistrons avec satisfaction ces données, qui marquent un pas sérieux dans la voie du progrès.

La marine italienne, devançant son époque, a adopté une solution remarquable du problème des grands bâtimens de combat. Elle construit des types qui tiennent à la fois du cuirassé pour l’armement et du croiseur pour la vitesse et le rayon d’action. Les quatre navires (en achèvement), type Napoli, prennent en effet 2800 tonnes de charbon et donneront, d’après les prévisions, une vitesse de 21m, 5 à 22 nœuds, pour un déplacement modéré, 12 600 tonneaux. Leur armement ne comprendra que de grosses pièces (305 et 203). Tout ceci avant la publication des fameux enseignemens de la guerre russo-japonaise.

Pour quelques-uns des croiseurs même, l’Italie nous dépasse notablement. Prenons le Dupleix (français) et le Garibaldi (italien), du même déplacement, 7 700 tonnes. Le rayon du premier ne dépasse pas 6 000 milles, tandis que l’autre peut en parcourir 9 300. La différence est sensible.

Cette question du rayon d’action, liée à celle des points d’appui, jouera, pendant une guerre maritime, un rôle prépondérant. « La grande difficulté des guerres futures, a dit avec raison le général Verdy du Vernois, sera d’assurer l’alimentation des