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L’arsenal possède aussi de nombreux chalands, pontés ou non, pour le service de la rade. On emploie les uns ou les autres, suivant la nature du temps et l’état de la mer.

Il faut, de toute nécessité, approfondir cette question pour les autres ports. Certes, l’absence de marée facilite beaucoup les choses à Toulon, mais il existe une installation remarquable à Liverpool. Donc, la question n’est point insoluble.

Les Anglais viennent d’installer à Portsmouth un vaste dépôt flottant ; c’est une grande coque en acier, qui porte 12 000 tonnes de charbon. Cuirassés et croiseurs se mettent le long du bord pour se ravitailler. Huit transbordeurs puissans réduisent au minimum le temps nécessaire à cette opération.

A Port-Saïd, où la main-d’œuvre n’est pas très chère, des nuées d’Arabes ravitaillent, en quelques heures, les plus grands paquebots. Il est vrai que les installations particulières permettent à ces vapeurs de recevoir à la fois d’importantes masses de charbon. De même à la Martinique, où le chargement s’opère par des négresses, qui semblent courir à l’incendie.

Les bâtimens de guerre anglais qui naviguent en escadres font très fréquemment des match pour accroître le record de l’embarquement du combustible. Ainsi, à Las Palmas, on a relevé les moyennes horaires suivantes :


Cæsar 147 tonnes. Implacable 96tonnes.
Cornwallis 138 — Endymion 74 —
Queen 131 — Prince George 68 —
London 127 — Jupiter 68 —
Mars 95 — Bedford 65 —
Victorious 77 —


Au mois de février 1905, le Victorious opérant contre le Magnificent a pratiquement établi le record : 255 tonnes à l’heure.

Dans les escadres françaises, les bâtimens rivalisent aussi de vitesse dans des exercices du même ordre. En 1902, pendant les manœuvres d’armée, un exercice de ravitaillement a donné, pour le cuirassé Bouvet, 340 tonnes en 1 heure et demie, soit 226 à l’heure.

Pour assurer un ravitaillement rapide, il faudrait outiller les bâtimens pour leur permettre d’absorber vite le combustible qui arrive à bord. Les nôtres ne sont point favorisés sous ce rapport. Si la cuirasse, que l’on étend de plus en plus dans les hauts, ne