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permet pas de découper de grands sabords, pourquoi ne pas imiter les Italiens et disposer une trentaine de manches à grand diamètre, mettant en communication directe le pont et les soutes ?

À ce propos, M. Schwartz, dont nous avons déjà parlé, voudrait abandonner les vieux erremens, et placer les soutes alimentaires, non plus sous le pont cuirassé, mais au-dessus de ce pont. Les soutes installées sous le pont serviraient de soutes de réserve. On aurait ainsi des vides plus vastes, plus faciles à remplir ; enfin, le chemin à parcourir comme hauteur de chute, par le combustible, au moment de l’embarquement, serait moins considérable.

Il est évident qu’en temps de guerre, une force navale ne restera pas toujours à portée d’un point d’appui. Dans leur lutte contre la Russie, les Japonais avaient leurs bases à proximité et ils en tirèrent de grands avantages ; mais c’est un cas très particulier. Il faut qu’une escadre puisse renouveler son approvisionnement en dehors des points d’appui et c’est là que le ravitaillement à la mer intervient. Cette opération exige le concours de navires charbonniers qui doivent remplir plusieurs conditions. Il faut leur donner une vitesse assez grande pour leur permettre de suivre le gros (18 nœuds) dans toutes les circonstances ; les munir d’un très grand nombre de sacs et d’appareils de chargement ; les armer enfin de pièces légères pour repousser au besoin les attaques de torpilleurs.

Notre escadre a fait souvent des expériences de ravitaillement à la mer. Un vapeur du commerce ayant à bord 1200 tonnes de briquettes, 4 000 sacs vides et 2 appareils Temperley, a pu ravitailler 3 cuirassés, par beau temps, filant 5 nœuds, bord à bord, au taux moyen de 40 tonnes à l’heure. Tout va bien par temps calme, à l’abri de la terre ; mais, dès que s’élève la plus petite houle, ce procédé devient très délicat et les frôlemens entre les deux navires peuvent amener des désastres.

L’Angleterre, les États-Unis, l’Italie, ont des transports de charbon. L’Allemagne va probablement en mettre sur les chantiers. On leur donnera, dit-on, de la rentrée, afin de réduire à une simple ligne la surface de friction entre bâtimens accostés bord à bord. Depuis la guerre d’Espagne, les Américains ont également senti la nécessité de construire des charbonniers. Ces auxiliaires auront 142 mètres de long, un déplacement de