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ou la baisse du travail d’outil ; mais que les prix de l’un et de l’autre évoluent suivant leurs lois propres, suivant les besoins de leurs marchés distincts.

Aujourd’hui où le salaire du maçon, du charpentier, considéré comme type de l’ouvrier de métier, est de 1 070 francs par an, il n’y a pas d’« employé » adulte qui ne gagne autant ; les simples commis aux écritures peuvent prétendre à un minimum de 1 500 francs, soit le double d’un manœuvre rural à 750 francs par an.

Aux XIIIe et XIVe siècles, lorsque le salaire annuel des ouvriers du bâtiment variait de 875 à 1 000 francs, — au XVe siècle il monta beaucoup plus haut, — lorsque le gain des journaliers oscillait entre 530 et 700 francs par an, l’employé des contributions indirectes, le scribe subalterne, à la solde des villes ou des princes, touche 450 à 600 francs par an : tels, en Champagne, le clerc du grenetier des gabelles à 400 francs (1287) et 427 francs (1341) : à Perpignan, le collecteur des droits d’octroi à 438 francs (1368) ; en Faucigny (Savoie), le procureur-fiscal à 510 francs (1362) ; à Tours, les clercs inspecteurs de police à 642 francs. Le mieux renté des receveurs provinciaux des finances, au moyen âge, a 14 000 francs d’appointemens. Après lui vient le « garde des foires » à 8 600 francs et le principal « gruyer » — inspecteur des forêts — à 6 400 francs.

Dans notre administration actuelle des eaux et forêts les plus haut gradés sont des conservateurs à 12 000 francs ; les inspecteurs ont de 3 000 à 6 000 et les gardes généraux en moyenne 2 600. Jadis les « maires des bois, » les « maîtres-enquêteurs » des forêts, louchaient de 1200 à 4 000 francs ; les « sergens des bois » à cheval, les mesureurs, les gardes des garennes, allaient de 800 à 1 200 francs. Ces traitemens, qui s’accrurent peu aux temps modernes, sont de ceux qui de nos jours ont le moins augmenté.

Pour les « officiers de finance, » qui avaient un maniement de fonds, l’on n’oserait se prononcer sur leur gain effectif. Ces receveurs municipaux de Tours à 1070 francs (1368), d’Aix à 1500 francs (1249), d’Orléans à 2 800 francs (1564), traitement équivalent à celui d’échevin, — car les échevins du XVIe siècle étaient payés, — ces « clavaires » et « clercs des comptes » des bonnes villes étaient-ils jadis dévorés de scrupules, plus que ceux de l’Etat ou des particuliers ? Il est malaisé de le savoir ; ils