Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/575

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les effectifs ainsi obtenus, à frais de plus en plus onéreux et qui présentent, entre autres, l’inconvénient de diminuer d’autant les forces de nos réserves, donneront-ils le résultat cherché ? soit, à défaut du plus grand nombre, des troupes de première ligne de qualité supérieure, assurant l’avantage, ou tout au moins rétablissant l’équilibre, dans les chocs du début, dont l’influence est si considérable sur l’issue de la lutte ?

Quoi qu’il en soit, l’adaptation des anciens soldats, comme auxiliaires des cadres semble le moyen le plus simple, le plus efficace, et l’on est, par suite, conduit à examiner dans quelle mesure leur perfectionnement progressif, d’année en année, répond au but recherché, et si des différences essentielles, dans nos mœurs, nos institutions, nos tendances et par-dessus tout dans les procédés actuels de la guerre et les modifications apportées à la tactique par les effets d’engins de toute nature, sans cesse renouvelés, n’amènent pas la conception et la nécessité d’un soldat plus approprié aux exigences nouvelles, et dont la formation tienne compte, dans une plus large mesure, de tous ces élémens.

Il y a entre les différentes parties de l’organisme militaire, un lien si étroit, que chacune d’elles est solidaire des autres. C’est ainsi que la valeur du soldat dépend essentiellement de celle des cadres chargés de le former, pendant la paix, et de le mener au combat. Tous les hommes de guerre ont professé cette opinion. Le raisonnement, l’expérience et les enseignemens de l’histoire s’accordent à en démontrer la vérité.

Les élémens dont la réunion et le développement la déterminent peuvent se résumer à trois principaux : l’éducation physique, l’éducation morale, l’exercice du jugement.

L’éducation physique date de l’apparition de l’homme sur la terre. La lutte pour la vie, avec un outillage longtemps rudimentaire, lui a imposé, dès l’origine, la recherche du développement de sa force musculaire et de son agilité. Le combat antique en impliquait la prédominance presque exclusive dans la formation du guerrier, qui était préparé dès le plus jeune âge. Les exercices du corps et le maniement des armes étaient familiers, à toutes, les catégories de citoyens de la Grèce et de la Rome républicaine, appelés au service militaire et, à peine adolescens, les rendaient aptes à combattre.

Chez les peuples de la Gaule et de la Germanie, l’apprentissage