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de la chasse et de la guerre commençait aussitôt que l’enfant savait marcher et produisait cette vigueur et cette audace, qui ont tant de fois étonné et terrifié le monde antique. Si la Rome impériale s’est vue peu à peu refoulée et réduite à l’impuissance par le flot des barbares, on doit l’attribuer, sans doute, au relâchement de ses mœurs et des institutions qui avaient fait sa force, mais plus qu’à toute autre cause, à l’abandon du dressage de sa jeunesse à la guerre, conséquence de la suppression du service obligatoire, aboli par Auguste pour assurer l’absolutisme du pouvoir. Les légions composées, dès lors, peu à peu, presque exclusivement de mercenaires perdirent la force physique et la force morale qui les avaient rendues maîtresses du monde.

Au moyen âge, la race conquérante s’exerce seule à la chasse et à la guerre. Elle en conserve, avec un soin jaloux, le privilège exclusif. La masse conquise, servile dans les campagnes, adonnée aux sciences, aux arts, aux métiers et au commerce dans les villes, ne sert partiellement que comme appoint et ne reçoit aucune éducation physique préalable. L’agrandissement progressif du pouvoir central aux dépens de la féodalité, l’augmentation de la population et de la durée de l’état de guerre, conduisent à la création d’unités permanentes et font apparaître le soldat de profession, dont l’éducation exige un temps d’autant plus considérable que rien ne l’a préparé au métier des armes. De là, pour en obtenir le rendement maximum, le service à long terme, qui, sous des transformations successives, s’est maintenu à travers les siècles, jusqu’à une époque très récente.

L’obligation du service, pour tous, imposé par les revers de l’année terrible, mais de plus en plus réduit, fait comprendre la nécessité de procédés de nature à compenser la diminution du temps passé sous les drapeaux par une préparation efficace.

L’éducation physique s’est de plus en plus développée dans ces dernières années. La gymnastique, la marche et le tir encouragés par les pouvoirs publics dans les établissemens d’instruction et par le concours de nombreuses sociétés particulières, sont devenus familiers à une partie de la jeunesse des centres populeux. Mais ces moyens sont encore insuffisans. L’obligation de l’instruction de la gymnastique, dans les écoles, inscrite dans la loi, est restée inobservée dans la plupart des communes rurales. D’ailleurs, les enfans quittant l’école vers douze ou treize ans, les résultats de cet enseignement ne seraient que