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et ne s’élèvera plus qu’à 3 milliards 816 millions en chiffres ronds. Il est possible que l’on veuille encore lui faire subir une autre déduction : M. Poincaré, en effet, outre les 193 millions ci-dessus, a fait une catégorie spéciale de 50 millions et demi de dépenses, celles-ci incombant incontestablement à l’exercice 1907, mais qu’il déclare « correspondre à des circonstances passagères, et ne paraissant pas devoir se renouveler sur les exercices prochains ; » ces dépenses, le ministre des Finances propose d’y pourvoir, comme pour les 193 millions, au moyen d’emprunts à court terme, ce qui porterait à 244 millions en chiffres ronds la somme à emprunter. On peut se demander si ces 50 millions et demi ont vraiment un caractère extraordinaire, et s’ils constituent des dépenses non renouvelables. Si l’on fait sortir encore du budget de 1907 ces 50 millions et demi, avec les 193 millions précédens, le chiffre du budget de 1907 s’abaissera de 4 milliards 10 millions à 3 765 millions. On aura ainsi écarté le spectre des 4 milliards ; mais, au fond, rien ne sera changé ; il faudra toujours payer d’une manière ou d’une autre ces dépenses soit déjà effectuées, soit en cours de l’être, soit regardées comme nécessaires. On aura calmé momentanément les appréhensions du pays, qui aurait beaucoup plus besoin d’être secoué par la révélation nette de la réalité que d’être assoupi par des ménagemens habiles.

Dût-on le réduire en apparence par ces artifices à 3 765 millions, au lieu des 4 010 du projet de loi déposé, le budget de 1907 dépasserait encore de 56 raillions le budget voté de 1906 ; la course, dont nous avons parlé, au quatrième milliard continue, et ce chiffre fatidique sera atteint, sans qu’il soit possible de le dissimuler par aucun expédient, au cours de la législature présente. Nos budgets prochains ne verront guère de dépenses disparaître (les conversions de dettes publiques notamment ne pourront plus légalement se produire avant l’année 1911) ; ils verront, au contraire, grossir une foule de germes de dépenses que les législatures passées ont déposés imprudemment, parfois inconsciemment, dans les finances publiques. Comme le dit M. Poincaré (page 43 de l’Exposé des motifs) : « Les lois votées dans cette période (1904, 1905, 1906) n’ont pas toutes reçu une exécution immédiate : quelques-unes, comme la loi militaire ou la loi d’assistance aux vieillards infirmes et incurables, ne doivent commencer à entrer en application qu’en 1907 ; d’autres