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comprenaient pas toutes les dépenses nécessaires : en imputant à ces trois budgets ces 193 millions de crédits supplémentaires tardifs et occultes, soit 64 millions un tiers pour chacun d’eux, on fait une correction indispensable. Alors les budgets de 1903 et 1903 cessent d’être en équilibre ; celui de 1904 offre encore un excédent d’environ 18 millions.

Tels sont les résultats de la gestion financière de la France pendant cette longue époque de paix 1871-1906 : sur 36 budgets, 34 sont en déficit, 2 seulement se trouvent en léger excédent : l’un, celui de 1898, de 28 millions ; l’autre, celui de 1904, de 18 millions.

Cette époque plus que trentenaire, M. Poincaré, dans sa revue rétrospective, la divisée en cinq périodes : la première, celle de 1871-1878, que nous appellerons la période de reconstitution ; la seconde, celle de 1879 à 1890, qui fut essentiellement une période d’entraînemens ; la troisième, de 1891 à 1898, qui fut un peu une période de recueillement, et enfin la quatrième, celle de 1899 à l’heure présente, où, après avoir bénéficié momentanément du résultat des efforts de la précédente, on retombe dans les imprudences, disons plutôt dans les folies.

La première période, celle de 1871-1878, témoigne favorablement et tourne à l’honneur des pouvoirs publics. A vrai dire, on a eu tort d’y comprendre l’année 1878, qui inaugure l’ère des grosses imprudences et appartient plutôt à la période suivante. Politiquement et économiquement, il fallait l’arrêter à l’année 1877 incluse. A partir de 1878, c’est un autre personnel gouvernemental qui entre en scène, un autre esprit, une autre conception ; la prudence, la circonspection, la prévoyance s’atténuent ou même disparaissent.

De 1871 à 1877 inclus on sent, chez les pouvoirs publics, le souci continu d’enrayer le développement des dépenses : l’année 1877 porte à 2 991 millions les dépenses de toute nature contre 2 734 millions en 1872 ; c’est bien un accroissement de 257 millions ; mais il concerne presque uniquement les dépenses nécessaires ou d’un manifeste intérêt national : la charge de la dette consolidée ou remboursable est portée de 1 029 millions à 1 070 ; les crédits du ministère de la Guerre, ordinaires et extraordinaires, de 501 millions à 766 ; ceux de la Marine, de 144 millions à 190 ; l’augmentation de ces trois chapitres, laquelle atteint 352 millions, dépasse sensiblement l’accroissement