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Si l’on considère les impôts directs proprement dits, les « quatre vieilles, » comme on les appelle, on voit que, depuis 1870, elles ont, pour le compte de l’État, subi peu de modifications, le total des impositions nouvelles y atteignant 83 millions et demi et le total des dégrèvemens 96 millions ; il ne faudrait pas croire, toutefois, qu’on y ait plus dégrevé qu’imposé. L’écart Aient, en grande partie, de ce que les dégrèvemens étant plus récens que les impositions, la matière imposable s’était développée dans l’intervalle ; on en a un exemple des plus frappans dans la taxe sur les vélocipèdes, qui figure pour 1 350 000 francs dans le tableau des impositions lors de sa création et qui est inscrite pour 5 150 000 francs dans le tableau des dégrèvemens ; de même pour la taxe militaire, qui est portée dans le premier tableau pour 720 000 francs lors de sa création en 1891 et se trouve inscrite pour 2 911 000 francs dans le tableau des dégrèvemens : on a l’air ainsi de dégrever deux, trois et jusqu’à quatre fois plus (pour les vélocipèdes) que l’on n’a imposé, tandis qu’il s’agit au fond d’une même taxe d’abord établie, puis supprimée ou atténuée. Un gros article que l’on trouve dans le tableau des dégrèvemens des impôts directs, c’est celui de la détaxe des petites cotes foncières pour 16 606 000 francs ; or, c’est bien là un exemple de cette tendance que nous signalons à réduire de plus en plus la base d’imposition en exemptant un grand nombre de contribuables et en concentrant le poids des taxes sur le restant. Si l’on tient compte des observations qui précèdent, on voit que, contrairement à l’apparence, les contributions directes, sauf pour certaines catégories favorisées de contribuables, n’ont pas été allégées depuis 1870 en ce qui concerne la part de l’Etat ; elles ont été, d’autre part, singulièrement accrues du chef des localités et notamment, dans les villes, à la suite du dégrèvement des octrois.

La catégorie des droits d’enregistrement et de timbre offre beaucoup plus de modifications : les impositions nouvelles depuis 1870 y montent à 248 millions et les dégrèvemens à moins de 63 millions, laissant subsister une aggravation de 185 millions. En réalité, celle-ci est beaucoup plus forte, parce qu’il faut tenir compte, comme nous l’avons fait observer, que les impositions nouvelles et les dégrèvemens n’ont pas été en général simultanés et que la matière imposable s’était développée entre la date des impositions et la date plus tardive des dégrèvemens.