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Il importe d’examiner un peu les unes et les autres. La plupart des taxes nouvelles et des surtaxes portent sur cette fameuse « richesse acquise, » qui évidemment doit contribuer, mais ne peut, formant la minorité des revenus, supporter, sans en être écrasée, le poids principal de la contribution : deuxième décime et demi-décime sur les droits d’enregistrement, élévation des droits de transmission sur les valeurs mobilières, élévation des droits de timbre sur les fonds publics étrangers et les valeurs étrangères, etc., modification du taux de capitalisation du revenu des immeubles pour la perception des droits de succession ; hausse de ces derniers droits et introduction d’un tarif progressif ; voilà les principales surtaxes et aucune d’elles n’est l’objet d’un dégrèvement ultérieur. En revanche, les 63 millions de dégrèvemens à l’enregistrement et au timbre profitent à peu près uniquement à la masse du public : 10 106 000 francs de suppression du droit de timbre sur les journaux, 3 168 000 sur les permis de chasse, 2 3500 000 sur les effets de commerce, 8 100 000 sur les colis postaux en diverses fois, 5 200 000 sur les frais de justice pour les petits litiges, 5 millions également sur certains droits d’enregistrement pour alléger la charge des petits actes, etc. Il ne suffit donc pas de dire que, depuis 1871, l’on a augmenté les droits d’enregistrement de 248 millions et qu’on les a réduits de près de 63 millions, ce qui ne laisserait subsister qu’une surcharge de 185 millions ; il faut, par l’examen du détail, se rendre compte des catégories de contribuables qui ont été surchargées et de celles qui ont été dégrevées ; on voit alors qu’aucune des taxes établies depuis la guerre et frappant la « richesse acquise » n’a été réduite, que celles qui grevaient la massé du public ont été soit notablement diminuées, soit même supprimées.

C’est toujours la même tendance que l’on constate dans toutes les branches des impositions ; et si l’on peut dire que, dans une certaine mesure, elle est légitime et conforme à l’esprit du temps, il n’en est pas moins vrai que, poussée à outrance, comme c’est le cas, elle aboutit à déplacer complètement le poids de la taxation et à en réduire singulièrement la base.

Vient ensuite, dans la série des tableaux de M. Poincaré, une branche de recettes qui a surgi depuis la guerre de 1870-71 et s’est notablement épanouie, à savoir l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières établi en 1872 surélevé en 18110, et dont l’administration