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avec liste « bloquée » ou liste « panachée, » on ne discute plus. Et, puisque je viens de citer M. Beernaert, je vais citer M. Van den Heuvel, qui n’a guère eu moins de part dans l’introduction de la réforme ; il peut bien penser, lui, que le système électoral « est en avance de huit à dix ans sur l’organisation des partis en Belgique ; » mais sa foi dans la représentation proportionnelle n’est pas ébranlée, n’a pas chancelé : c’est l’organisation des partis qu’il s’agit de régler en vue de la représentation proportionnelle ; il ne s’agit pas de déserter la représentation proportionnelle à cause de l’organisation actuelle des partis, car ce serait rétrograder et tourner le dos à l’avenir.

Quant à l’ « isoloir » ou « cabine » ou « dispositif d’isolement, » comme on voudra l’appeler, il n’est au monde chose plus pratique, ni moyen moins coûteux d’assurer le secret du vote. Trois planches, un rideau sur une tringle, y suffisent. Il faut vraiment de l’imagination pour s’en faire le monstre que certains de nos députés s’en font ! La manière de s’en servir est aussi innocente que la manière de le construire. Elle ne donne lieu à aucun abus, pour le motif péremptoire que, de par sa construction même, il ne s’y prêterait pas du tout. Le vote plural complique la représentation proportionnelle, et, si l’on le veut, la représentation proportionnelle complique le scrutin de liste ; mais l’isoloir ne complique pas le scrutin : je pourrais dire qu’en divisant le flot des électeurs, aux heures de presse, en le canalisant, il le simplifie.

De même pour les représentans des partis. C’est une de ces formules frappées en fausses médailles, et, à ne point mâcher les termes, un de ces sophismes dont M. Waldeck-Rousseau, en dépit de l’apparente rectitude de son esprit, avait une ample provision, que de répondre, quand on en parle : « Vous organiserez la bataille autour de l’urne ! » Avant tout examen de fait, il est probable que des hommes, investis du mandat régulier de suivre les opérations électorales, en quelque sorte promus à la dignité de fonctionnaires du scrutin, et admis à prêter serment, se tiendront plus correctement que le premier venu qui surveille le scrutin parce qu’il lui plaît de le faire ou qu’on l’a payé pour le faire, sans titre légal et sans droit autre que celui d’électeur, sans responsabilité aussi, du moins sans responsabilité qui dérive spécialement de la qualité en laquelle il est là. Mais le fait confirme l’hypothèse de la façon la plus évidente.