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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE NOUVELLE BIOGRAPHIE DE MARIE DE MODÈNE


Queen Mary of Modena, her Life and Letters, par Martin Halle, 1 vol. in-8o, illustré. Londres, librairie Dent, 1906.


C’est au début de l’année 1673 qu’il fut décidé que le duc d’York, frère cadet du roi Charles II, devait chercher à se remarier. il était, depuis deux ans, veuf de sa première femme, Anne Hyde, grasse et excellente personne qu’il avait épousée jadis sans trop savoir pourquoi, contre le gré de leurs deux familles, et qu’il avait ensuite trompée presque constamment. Des huit enfans qu’elle avait eus, elle ne lui avait laissé, en mourant, que deux filles, et l’on espérait qu’un nouveau mariage donnerait au duc d’York un héritier mâle, ce qui assurerait la succession au trône : car il n’était plus guère probable que le Roi eût jamais des enfans de sa femme, Catherine de Bragance, avec qui il était marié depuis près de douze ans. Les protestans, en vérité, auraient préféré que le Roi lui-même congédiât la catholique Catherine de Bragance, et se choisit une autre femme, à la fois plus féconde et moins « idolâtre. » « Parmi les argumens que l’on peut invoquer contre la polygamie, — déclarait l’un d’eux, Burnet, le futur évêque de Salisbury, — je n’en vois pas qui soit assez fort pour balancer les grands, visibles, et imminens hasards qui menacent de nombreux milliers d’hommes, si, dans le cas présent, elle n’est point permise. » Et déjà la Chambre des Lords avait voté un bill autorisant le Roi à cet acte salutaire de « polygamie. » Mais Charles, que les scrupules de conscience, à l’ordinaire, embarrassaient peu, s’était fait