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Le principal emploi des capitaux, indigènes ou européens, placés en Égypte, est en effet le défrichement, le dessèchement ou l’amendement, par l’irrigation, le drainage ou le colmatage, des terres incultes ou mauvaises et leur revente aux fellahs après lotissement. Bien des intérêts se trouvaient lésés et de plus grands espoirs déçus. Une compensation ne pouvait-elle pas être apportée par quelque autre projet immédiatement réalisable ?

Un rapport des plus intéressans du conseiller aux Travaux publics a répondu tout récemment à cette question[1]. Sir W. Garstin a passé une grande partie de 1904 à étudier l’hydrographie du Soudan. En livrant au public le résultat de ses observations, il examine les moyens d’assurer à l’Égypte, par de grands travaux, une irrigation plus régulière et plus abondante. Il écarte ou tout au moins ajourne assez sommairement un projet déjà ancien, celui d’un réservoir à créer dans le Wadi Rayan, dépression naturelle creusée en forme d’entonnoir au Sud du Fayoum et qui permettrait, en emmagasinant une quantité de trois milliards de mètres, de compléter l’effet du réservoir d’Assouan surélevé de six mètres ; il ajourne également l’examen d’un projet de « réservoirs d’une capacité totale de 4 millions de mètres cubes échelonnés entre la seconde et la sixième cataracte... à l’époque où le relevé de cette partie de la vallée du Nil aura été achevé et le débit du fleuve pendant l’hiver grandement accru. »

En revanche, il préconise deux idées : construire un nouveau barrage en aval de celui d’Assouan à Esneh en Haute-Égypte ; creuser, élargir et régulariser les deux branches de Damiette et de Rosette dont le débit ne suffit pas actuellement à évacuer l’eau du Nil assez rapidement pour que, dans le cas d’une forte crue, le Delta soit à l’abri des inondations. Et il est à noter que le dernier rapport de lord Gromer annonce la mise en train immédiate de ces projets[2]. Mais la partie la plus importante de son œuvre est l’exposé de ses études sur l’utilisation des eaux de l’Abyssinie et du Soudan.

C’est de ces deux pays que l’Égypte reçoit l’eau et, partant, la vie. Etant donnés les progrès accomplis par les sciences techniques

  1. Du même auteur Some problems of the Upper Nile, XIXth. Century Review, sept. 1905, pp. 345-375 et Note sur les projets relatifs au Nil, appendice au rapport de lord Cromer pour 1905 sur l’Égypte et le Soudan, p. 145.
  2. P. 60-61.