Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/901

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours à Paris de profondeur modérée. Il recula même un temps, devant la surrection du sol, sur une large zone à la surface de laquelle s’établit un grand lac dont les vases ont conservé toute une faune et toute une flore qui présentent avec celles de nos eaux douces actuelles des traits de ressemblance générale qui n’empêchent pas de constater de profondes différences spécifiques. Les sédimens de ce lac « de Saint-Ouen, » au sein duquel devaient, avec le temps, se produire les concrétions et les autres modifications intestines dont nous avons parlé, acquirent en quelques points une épaisseur notable, après quoi il leur fallut battre en retraite devant le retour progressif de l’océan.

Il résulte de cette circonstance que l’ensemble des dépôts lacustres a la forme générale d’une lentille colossale, dont le biseau correspond à la plus grande extension des eaux douces en surface. La mer, en revenant, continua d’étaler les sables qu’elle charriait et que lui fournissaient les falaises voisines, et le phénomène prit un temps relativement si court, que certaines espèces animales persistaient encore dans les eaux marines et se retrouvent presque sans changement au-dessus comme au-dessous des couches lacustres. Toutefois, la nouvelle incursion océanique qui a laissé les lits très minces des « sables infra-gypseux » fut éphémère aussi et le régime lagunaire s’établit sur une énorme longueur de côtes et avec une largeur qui prouve l’incessante palpitation du sol, renvoyant et rappelant alternativement un grand nombre de fois les eaux salées sur les mêmes points. Et c’est ainsi que se constituèrent les magnifiques massifs de la pierre à plâtre.

L’étude attentive des gisemens de gypse, même de ceux relativement restreints, que les coupes ont entaillés sous Paris, montre que, pendant leur production, l’activité souterraine ne s’est pas arrêtée un instant : le niveau du pays a changé par rapport à la mer voisine et les couches ont subi des inflexions et même des cassures verticales rappelant les failles des pays de montagnes.

Ces remarques, qui pourraient s’appliquer à tous les niveaux géologiques de notre région, viennent confirmer maintenant la notion désormais acquise que le pays de Paris n’est pas, comme la chose semblait tout d’abord évidente, formé de couches tout à fait horizontales, mais qu’au contraire, ses assises ont, au cours