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en quelque sorte le grave passage que j’ai souligné, le tribunal de Saint-Quentin a à peu près acquitté la prévenue (mai 1906) en développant longuement les idées exprimées par le docteur Baraduc et en s’appuyant sur le désaccord entre docteurs et professeurs pour ce qui touche à ces problèmes occultes.

Le fait est important et a beaucoup ému le monde scientifique. Il faut en effet rappeler que les idées du docteur Baraduc lui sont toutes personnelles, qu’elles sont généralement considérées comme n’ayant encore été l’objet d’aucune démonstration scientifique sérieuse, et que l’état de la science positive sur ce point a été au contraire très nettement défini par cette proposition, votée à l’unanimité, le 19 juin 1906, par la Société d’hypnologie et de psychologie : « En aucun cas, la production de l’état hypnotique ne dote le sujet hypnotisé des aptitudes et de la compétence que peuvent seules donner la science et l’expérience. En particulier, pour ce qui concerne l’art médical, la prétendue clairvoyance relativement au diagnostic et au traitement est contraire aux faits bien observés et doit être considérée comme inexistante. »


Ceci bien établi, on peut encore se demander s’il y a des sujets capables de voir à travers les corps opaques. A priori, rien d’anti-scientifique à ceci, l’opacité et la transparence étant des choses absolument relatives, témoin les rayons Rœntgen.

J’ai cru trouver le fait démonstratif avec un sujet dont le docteur Ferroul m’avait beaucoup parlé et sur lequel ont été publiés d’intéressans travaux dans les Annales des Sciences psychiques. Une première expérience réussit admirablement : le sujet lut à travers une enveloppe cachetée et un papier d’étain quelques lignes que j’avais écrites en français et indiqua des caractères russes mis au-dessous. Mais une seconde expérience, menée par une commission de l’Académie de Montpellier (dont je faisais partie), échoua complètement et même des plaques sensibilisées furent trouvées voilées par la lumière, quoiqu’elles fussent censées n’avoir pas quitté leur boîte. C’étaient peut-être des fraudes inconscientes. Mais enfin, ce fut un échec complet.

Dans une lettre à M. Charles Richet, M. Marcel Mangin indique très nettement les expériences qu’il faudrait mener à bien pour établir la clairvoyance : « Un grand nombre de coquilles de noix, contenant chacune un mot différent, ayant été mises dans