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indépendans les uns des autres, ont délégué irrévocablement une partie de leurs pouvoirs avec la mission de les exercer dans l’intérêt commun, en observant certaines règles et se soumettant à certaines obligations précises. La mesure dans laquelle cet abandon a eu lieu est la mesure même de l’autorité du gouvernement fédéral et de son influence sur la marche des affaires publiques.

On en peut indiquer d’un mot la caractéristique dominante en disant que la Constitution a transféré au gouvernement fédéral tout ce qui concerne ou intéresse « l’extérieur » et laissé aux gouvernemens des États l’administration des affaires exclusivement intérieures. Et déjà apparaît ce qu’il y a de singulier dans la situation de ce gouvernement auprès duquel les gouvernemens des États ne sont que des autorités de second plan, et dont la fonction principale est de veiller aux intérêts du pays dans ses relations avec le monde extérieur ; alors qu’en pure théorie diplomatique, il n’a à l’extérieur aucune responsabilité et n’y peut entretenir aucune représentation.

Mais revenons à la Constitution. Le gouvernement fédéral a donc pris possession du droit de légiférer et d’administrer en matière de commerce, de navigation, et de toutes questions connexes, y compris la plus importante, savoir l’établissement d’un tarif douanier uniforme (les douanes intercoloniales étant supprimées). En conséquence ou subsidiairement, il a dans ses attributions les droits d’accise, les primes à la production et à l’exportation, les postes et télégraphes, la défense militaire et navale, les services des phares, des quarantaines maritimes et des pêcheries, l’immigration et l’émigration, les questions de statut personnel (mariage, divorce, droits de parenté, etc.) et de naturalisation, la législation sur les banques, les assurances, les effets de commerce, les monnaies, poids et mesures. Ajoutons encore la faculté de prendre à son compte les dettes des États fédérés et d’acquérir (mais avec le consentement de ceux-ci) leurs lignes de chemins de fer, le droit de taxation et le droit d’emprunt, enfin qu’il est chargé du règlement de toutes affaires dites « extérieures, » spécialement des rapports du Commonwealth avec les îles de l’océan Pacifique, et nous aurons un aperçu presque complet des pouvoirs du Parlement fédéral australien.

Il semble, d’après cette énumération, que le gouvernement