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faire entendre ses remontrances. Elle trouverait exorbitant que le gouvernement du Transvaal s’occupât de la législation du Commonwealth sur l’immigration, mais, quand l’importation des coolies chinois fut autorisée et réglementée dans l’Afrique du Sud par le gouvernement britannique, pour l’exploitation des mines, le Parlement fédéral australien n’hésita pas à voter une protestation et à l’adresser, par la voie officielle, au cabinet de Saint-James. Si la question du home rule pour l’Irlande reprend quelque actualité, le même Parlement rédige une motion de sympathie et la fait parvenir par la même voie. L’opinion politique l’encourage dans cette attitude, car elle a son mot à dire dans toutes les questions. On a tenu dans les principales villes d’Australie de grands meetings, convoqués sur l’initiative d’hommes politiques, au sujet de l’alliance anglo-japonaise, de la juridiction au Natal, du mouvement révolutionnaire en Russie, même de l’affaire Dreyfus. Ces manifestations n’ont d’autre inconvénient que d’être inutiles. Elles ne sont pas de nature à créer des difficultés, et quand leur objet reste britannique, elles témoignent, en somme, d’un certain sens de l’intérêt commun ou, — pour parler le langage du jour, — impérialiste.

La contre-partie, c’est-à-dire la résistance à tenir compte des nécessités de la politique générale de l’Angleterre, la mauvaise volonté à respecter intégralement les conventions signées par la mère patrie ou les engagemens pris par elle, la fantaisie législative passant par-dessus le droit des gens, est plus gênante. Ces velléités exubérantes ont mis souvent à l’épreuve la patience et l’ingéniosité du gouvernement anglais. Quiconque a suivi de près les événemens en Australie pendant les dernières années n’a pu qu’admirer cette patience et cette ingéniosité auxquelles est dû le maintien de la cordialité dans des relations que de trop fréquens désaccords rendent assez difficiles.

Un incident tout récent a montré avec quelle désinvolture le Parlement australien traite les convenances de la métropole, même quand il a l’intention de lui être agréable. L’affaire n’est pas d’ailleurs sans intérêt. De plus, les circonstances accompagnant cet incident font ressortir l’instabilité des décisions des Chambres fédérales qui ont paru, en cette occasion comme en bien d’autres, livrées à des inspirations quelque peu vacillantes.

Il s’agit du preferential trade, c’est-à-dire des avantages que,