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est une cause parallèle, elle n’est point fondamentale. On peut du reste y attacher beaucoup moins d’importance aujourd’hui, puisque le développement des pays nouveaux et la facilité actuelle des communications rendent les grandes disettes de moins en moins probables.

Pareillement les guerres n’exercent que peu d’influence sur le cycle des périodes prospères et des crises. Il est même à remarquer que les pays qui ont eu à les subir reprennent, aussitôt la paix faite, une activité d’autant plus grande, si bien que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la guerre est presque toujours le signal d’un nouvel accroissement dans les transactions commerciales du monde entier. Ce n’est point seulement le vainqueur qui voit grandir sa confiance et son expansion, c’est aussi le vaincu qui redouble d’efforts pour réparer ses échecs.

D’autres causes accidentelles peuvent intervenir, telles que la découverte de l’or californien vers 1850, et transvaalien de nos jours, telles aussi que les grandes épidémies, les révolutions politiques et surtout les lois douanières plus ou moins libérales ou prohibitives ; ce ne sont jamais que des causes parallèles : le grand facteur qui règle les affaires est toujours le rapport qui existe entre leur importance et le crédit dont elles ont besoin ; nous allons le voir en décrivant maintenant les principales crises modernes. Nous laisserons de côté les petites crises locales qui ont pu affecter isolément tel ou tel pays ; notre étude ne portera, bien entendu, que sur les crises générales, sur celles qui ont atteint en même temps et solidairement toutes les nations ou la grande majorité d’entre elles.


II

Il faut croire que les périodes de crise et de prospérité sont vieilles comme le monde puisque l’Écriture sainte parle déjà des sept vaches grasses et des sept vaches maigres. Quant à nous, nous suivrons le conseil que Dandin donnait à l’Intimé et ferons même mieux que lui, car nous sauterons par-dessus le déluge, bien qu’il ait été sans doute l’une des plus grandes crises de l’humanité ! Nous nous en tiendrons à l’époque moderne et ne parlerons que des événemens auxquels nous avons assisté en personne.