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M. Rouvier avait confirmé à M. Révoil ses instructions antérieures, puisque le Temps les avait publiées le 13 mars. Ces instructions, tout en laissant la porte ouverte à la négociation, maintenaient catégoriquement notre refus d’admettre pour le huitième port une police qui ne fût point franco-espagnole ; elles maintenaient non moins énergiquement notre décision de n’accepter de la part de l’inspecteur ni commandement, ni collaboration au commandement. Ce faisant, elles préservaient ce que nous considérions comme « un intérêt vital. » Or, ces intérêts, la déclaration ministérielle affirmait qu’ils ne seraient pas abandonnés. Comment pouvait-on croire que M. Bourgeois modifiât, à cet égard, la politique de son prédécesseur ? Et le ministre ajoutait : — Aujourd’hui même, 14 mars, j’ai purement et simplement confirmé, à M. Révoil, les instructions de M. Rouvier. Aussi bien, la situation est très nette. Deux projets sont en présence, que M. de Radowitz a reconnus, par leur combinaison, susceptibles d’aboutir à un accord : le projet français et le projet autrichien. Nous avons, sans tarder, fait connaître ce que nous pouvions emprunter au second, à savoir le principe de l’inspection. Nous attendons encore que l’Allemagne nous fasse connaître ce qu’elle emprunte au nôtre. Si on nous refuse la police franco-espagnole des huit ports, nous refusons l’inspection. Si nous acceptons l’inspection, nous entendons que satisfaction nous soit donnée sur la nationalité des instructeurs, à Casablanca comme ailleurs.

La netteté de cette déclaration produisit un effet immédiat. La France ne cédait pas. Les puissances qui la soutenaient tinrent à honneur de montrer qu’elles ne cédaient pas davantage. On a vu que, dès le 12 mars, quand le comte Wolff-Metternich était venu annoncer à sir Edward Grey que sir Arthur Nicolson nous conseillait d’abandonner Casablanca et de souscrire à l’inspection sans compensation, le secrétaire d’Etat anglais avait répondu à l’ambassadeur par le plus net des démentis. Le soir même, il télégraphiait à Algésiras pour avoir des explications ; et, dès le 13, il recevait la réponse du plénipotentiaire britannique. Sir Arthur Nicolson déclarait que jamais, au cours de ses conversations avec son collègue allemand, il n’avait ni dit ni laissé entendre qu’il fût favorable au projet autrichien sans amendement, ni que nous pussions céder sur la police du huitième port. Sans doute, si la France avait mis bas les armes, le