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le fond et la forme. Sur le fond, on est très probablement d’accord ; et, au surplus, si on ne l’était pas, l’État a des armes suffisantes pour se défendre. Il est absurde de croire, — le mot n’est pas trop fort, — que les évêques nommeront jamais à des cures des prêtres étrangers ; mais, à supposer qu’ils le fassent, le gouvernement a toujours le droit d’expulser un étranger. La précaution de M. Clemenceau est donc inutile, pour ne rien dire de plus. Quant aux congréganistes, il y a des lois contre eux. Si un prêtre nommé curé appartient à une congrégation, on peut le poursuivre devant les tribunaux et le faire condamner à une amende de 16 à 5 000 francs et à un emprisonnement de six jours à un an. Dira-t-on, après cela, que l’État est désarmé ? Il est, au contraire, armé jusqu’aux dents, soit contre les « étrangers, » soit contre les « moines. » Quand on relit le discours de M. Briand, on s’aperçoit qu’il s’est exprimé sur ce double point en termes très généraux, c’est-à-dire un peu vagues ; mais, depuis, des notes officieuses distribuées aux journaux ont précisé la pensée du gouvernement. On comprendrait à la rigueur que, dans un modèle de contrat qu’il essaierait de faire accepter par l’archevêché, le gouvernement insérât les clauses auxquelles il paraît tenir ; mais ce n’est pas ce qu’il fait ; il attend que l’archevêché propose lui-même, lui seul, lui le premier, un contrat contenant ces clauses. Il attendra longtemps ! Reprenant le mot de M. Briand que nous avons cité, l’archevêché pourrait lui répondre : « Nous résistons, par honnêteté, vous entendez bien. » Laissons de côté, comme puérile, la question des étrangers, où nous retrouvons un écho des anciens discours de M. Clemenceau. En ce qui concerne les congréganistes, l’archevêché ne saurait sans manquer, non seulement à sa dignité propre, mais encore à ses devoirs envers des frères persécutés, avoir l’air de prendre parti contre ces derniers et de consacrer les lois qui les frappent. L’honneur humain ne le permettrait pas ; la charité chrétienne ne le permet pas davantage. Que M. Clemenceau ait voulu imposer cette obligation au clergé séculier, soit ! Mais que M. Briand y ait consenti, on se l’explique moins bien. C’est le triomphe, — sera-t-il définitif ? — de la politique du premier sur celle du second.

La question de l’entretien des églises est d’un autre ordre : elle se rattache à des intérêts très respectables, mais ne soulève pas les mêmes sentimens. L’archevêché de Paris, dans les propositions qu’il a faites à la préfecture de la Seine, s’est inspiré de deux préoccupations : la première se rapporte à la nature même des dépenses qui tomberaient à la charge du bénéficiaire de l’église ; la seconde à la