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ont une tare originelle, l’Église fait comme pour les hommes ; elle les en libère, par une façon de baptême, ne s’inclinant devant elles que pour se relever aussitôt. L’écrit de Ketteler enregistrait sans amertume la fondation de la « Petite Allemagne » et mettait un barrage entre ce fait et tout le courant d’idées anticatholiques qui l’avait escorté. Jamais on ne mit plus d’adresse, ni plus de dignité, dans la présentation d’une politique de « ralliement. »


IX

La formule du « ralliement, » telle que la proposait Ketteler, était la suivante :

« Les catholiques ne doivent pas se montrer hostiles ou indifférens aux tendances vers l’unité germanique, sous prétexte qu’ils y voient percer un esprit qui demande plutôt l’oppression de l’Église catholique que l’unité de l’Allemagne… Nous ne devons permettre à personne de nous surpasser en amour de la patrie allemande, de son unité et de sa grandeur. »

Il était difficile que, sur l’heure, le conseil fût pleinement écouté par tous les catholiques d’outre-Rhin. La presse hostile, qui continuait de fêter Sadowa comme un triomphe de Luther, retardait par là même leur adhésion active aux vœux de Ketteler, On répétait autour d’eux, et non sans preuves valables, que l’idée de Petite Allemagne était dirigée contre leur Église ; à cause de cela, on applaudissait au triomphe de cette idée. Y collaborer à leur tour, ne serait-ce point une duperie ? La foule des esprits simples avait besoin d’une certaine éducation politique pour comprendre la pensée de Ketteler : le temps serait cet éducateur.

Mais les publicistes, les parlementaires étaient plus accessibles et plus dociles. Au Parlement de l’Allemagne du Nord, en 1867, il n’y avait plus qu’un catholique sur douze pour soutenir intrépidement, nous ne disons même plus l’idée de Grande Allemagne, mais les revendications des petits États absorbés par la Prusse : c’était Mallinckrodt. Il plaidait pour le Hanovre ; il plaidait pour le Schleswig ; il se faisait inculper de « particularisme, » en compagnie d’un ancien ministre du roi de Hanovre, Windthorst, dont nul ne pressentait alors qu’il deviendrait un jour le chef du centre allemand. Un discours de Mallinckrodt émut