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l’assemblée, et Bismarck lui-même, d’une sorte d’épouvante. Lasker, dans le Reichstag de 1873, essaiera d’exploiter ce souvenir contre les « ultramontains. » Mais vis-à-vis de Lasker en 1873, comme vis-à-vis de Miquel en 1867, Mallinckrodt nia toujours avoir parlé comme « ultramontain : » il abhorrait ce sarcasme, qui dispensait d’une réfutation. L’» ultramontanisme, » en 1867, était si étranger à toute politique de « particularisme, » que le prêtre Thissen, les diplomates Galen et de Loe, et d’autres catholiques encore, collègues de Mallinckrodt, appartenaient à la fraction des Freikonservativen, fondée par le catholique Savigny, et que Kellner, le grand pédagogue catholique, faisant dans un journal l’éloge de l’école prussienne, lui rapportait allègrement l’honneur d’avoir produit les vainqueurs de Sadowa.

Dans la Bavière, le pays où le retentissement de cette victoire fut peut-être le plus douloureux, le pouvoir appartenait à un ministre catholique d’origine, mais qui s’était engoué dès sa jeunesse du nationalisme anticatholique de Gervinus, et qui se flattait auprès de Bluntschli de considérer l’ultramontanisme comme le véritable ennemi du progrès humain : c’était le futur chancelier Hohenlohe. Par la lutte même qu’il conduisait, et contre les influences « ultramontaines, » et contre les tendances « particularistes, » il les amenait, les unes et les autres, à se coaliser et à se confondre entre elles. En 1868 encore, il soupçonnait les « ultramontains » de vouloir livrer la Bavière à l’Autriche, et en 1869, aux élections, le patriotisme local du peuple et la foi belliqueuse du clergé eurent les mêmes candidats. Même en Bavière, cependant, les esprits comme Ringseis, qui continuaient, d’une façon provocatrice pour la Prusse, à vouloir vivre dans l’orbite de Vienne, étaient rares. Dès 1867, les Feuilles historico-politiques avaient commencé de rectifier les points de vue : elles avaient déposé sur le sépulcre de la Grande Allemagne un article poignant, qui débutait par un geste d’accablement, et s’achevait par un mouvement de résurrection. L’article visait les concessions suprêmes que la Bavière avait été contrainte de faire à la Prusse.


La Bavière, soupirait l’auteur, a pour la dernière fois pris position dans L’histoire ; et par la position qu’elle a prise, elle a renoncé, pour l’avenir, à toutes déterminations politiques autonomes. Dans les derniers siècles, elle était cinq fois plus petite, et pourtant elle pesait dans la balance de l’Empire ; maintenant c’est fini.