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Berlin le désir d’une entente que nos concessions n’avaient pas suffi à provoquer et que, pour avoir tenu bon, nous étions à la veille d’obtenir la reconnaissance pratique de l’intérêt spécial, théoriquement inscrit dans le protocole du 8 juillet 1905. Notre attitude se réglait aussitôt sur ces données concordantes. Dès le 7 mars, M. Révoil était invité par le président du Conseil à déposer, à la séance du 8, un projet sur la police. Ce projet, concerté avec le duc d’Almodovar et sir Arthur Nicolson, plénipotentiaire de la Grande-Bretagne, répondait à nos déclarations du 5. De même que, dans ces déclarations, nous nous étions bornés à exposer la solution franco-espagnole sans parler des « garanties nouvelles, » c’est-à-dire de la surveillance, que nous avions envisagées dans nos pourparlers avec M. de Radowitz, de même dans ce projet nous ne mentionnions pas cette concession éventuelle, subordonnée à l’acceptation de la police franco-espagnole. Et usant de la liberté que nous avait rendue le refus de l’Allemagne du 19 février, nous prenions comme point de départ la police franco-espagnole pure et simple. Nous donnions ainsi plus de marge à la négociation. Parallèlement, des pourparlers avec l’Italie, la Belgique et les Etats-Unis tendaient à nous assurer dans la banque la voix des représentans de ces trois pays. Enfin, le président Roosevelt, considérant que Guillaume II, par son télégramme de la fin de février, n’avait pas explicitement répondu à la proposition transactionnelle qu’il lui avait soumise (police franco-espagnole ; rapport adressé au Sultan et transmis aux puissances par la légation d’Italie), lui adressait, le 7 mars, une troisième dépêche, dans laquelle, avec insistance, il lui recommandait de nouveau cette solution.

De toutes façons notre position s’était améliorée et s’annonçait, pour le lendemain, meilleure encore. Il convenait seulement de poursuivre notre avantage et d’éviter de nouveaux retards. Pour conjurer ce risque, nous demandions et nous obtenions que le duc d’Almodovar, qui devait quitter Algésiras le samedi 10 mars, pour assister aux fêtes données à Madrid en l’honneur du roi de Portugal, fût invité par M. Moret à rester à son poste. Nous avions ainsi l’assurance que la discussion continuerait sans délais. Quelques heures seulement nous séparaient de la séance où les trois projets de l’Allemagne, de la France et de l’Autriche devaient être confrontés. A l’exception des Allemands, personne ne contestait la valeur du nôtre ; et la