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deux casus belli constamment ouverts depuis 1866 sur la situation générale, il renonçait complètement à l’un, celui du Sleswig, et il retenait à peine quelque chose de l’autre puisqu’il me concédait, conformément à ma constante politique, que nous ne nous opposerions en aucune manière au passage du Mein s’il s’opérait par la libre volonté des populations ; et comme ces deux sujets d’alarme écartés, de quelque côté que je portasse mon regard, je n’apercevais aucune menace prochaine ou éloignée d’un conflit avec l’Allemagne, je considérai la paix comme aussi assurée que la liberté. Je répondis à l’Empereur avec gratitude sans toutefois renoncer à mes objections : « Sire, je suis profondément frappé de l’élévation calme et douce, de la sérénité simple qui respirent dans la lettre de Votre Majesté. C’est d’un sage plus que d’un souverain. Soyez bien persuadé aussi, Sire, que je sens la valeur du nouveau témoignage de confiance que vous voulez bien n’accorder. Je ne connais pas de meilleur moyen de vous en remercier que de continuer à vous exposer mes opinions avec une liberté respectueuse. Mes idées ne sont peut-être pas justes, mais elles sont le résultat d’une consciencieuse réflexion et elles ne tendent qu’à la consolidation de votre gouvernement. J’admets la définition si lucide que Votre Majesté donne du principe des nationalités. Le droit des nationalités n’est créé, ni par la conformité de la race et de l’idiome, ni par la simple configuration géographique : il n’a d’autre origine et d’autre signe que la volonté des populations librement manifestée. Je considère donc toute insistance sur les affaires d’Allemagne comme superflue. Je ne suis pas non plus éloigné de la pensée de Votre Majesté en ce qui touche la formule : « M. X… est chargé de former un ministère. » — Je ne voulais indiquer par là ni que l’Empereur renonce à sa responsabilité, ni qu’il abdique la présidence de son Conseil. Mon intention était simplement de marquer l’homogénéité du cabinet nouveau. — « Cette déclaration, qui me paraît indispensable, pourrait être faite dans des termes autres que ceux que j’ai proposés ; il suffirait de dire : « Les ministres ont donné leur démission. M. X… a été appelé par l’Empereur. » — Quant à la presse et aux réunions publiques, il y aurait lieu de faire une nouvelle loi sur la donnée du droit commun, mais l’heure n’est pas propice, et, tout en avançant, il faut avoir présent à l’esprit le sage précepte de Walpole : Quieta non movere. Il n’est pas bon, à