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grecques et même de répondre à la violence par la violence ? Les Grecs mettront bas les armes quand les Bulgares en donneront l’exemple et quand tout sera redevenu tranquille en Macédoine. Pour y parvenir ils ne voient qu’un remède efficace : délivrer enfin les chrétiens d’Europe du joug ottoman. Les réformes ne peuvent apporter que des améliorations partielles et insuffisantes ; les réformateurs européens n’entrent pas dans le vif de la question ; même s’ils se décidaient à des réformes plus radicales, à une modification, par exemple, du régime de la propriété, il resterait encore un élément qui n’est pas réformable, c’est le Turc lui-même : il doit disparaître.

Les Bulgares reprochent aux Grecs de vouloir le partage, et non l’autonomie de la Macédoine ; ils se trompent. Seulement, il faut s’entendre et ne pas jouer sur les mots. Qu’est-ce que la Macédoine ? Il est absurde d’appeler Macédoine les trois vilayets ; c’est une délimitation administrative qui ne date que du Tanzimat, et qui est sans valeur historique, géographique ou ethnographique. Pourquoi comprendre dans la Macédoine le caza d’Elbasan qui est entièrement albanais, ou la Vieille-Serbie, au-delà du Char, qui est serbe et albanaise, ou la Thessalie qui est grecque ? Qu’est donc la Macédoine ? les Bulgares disent : c’est le pays délimité à San Stefano. Qu’on leur donne seulement un port sur la mer Egée, et on les verra bientôt renoncer à toutes leurs prétentions sur le bassin du Vardar ; mais, cette concession même, les Grecs s’opposent à ce qu’elle leur soit faite, car tous les ports sont grecs, non seulement en Europe, mais aussi en Asie Mineure. La Macédoine ? elle est bien connue ; il n’y a qu’à lire l’histoire. La Macédoine ne saurait être que là où fut le berceau d’Alexandre, où sont les ruines de Pella, de Pydna, d’Amphipolis. Oui, les Grecs veulent l’autonomie, mais ils demandent une définition préalable. L’Albanie d’un côté, la Vieille-Serbie de l’autre, et enfin la Macédoine proprement dite, cela ferait trois autonomies, au moins, et ce serait, pour prévenir des conflits futurs, la meilleure solution.


III

Après les Grecs, il convient d’entendre les Bulgares. Les Grecs, disent-ils, vont chercher dans la plus lointaine histoire des argumens à l’appui de leurs prétentions, ils invoquent