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6° et 7° Indemnités ou secours aux chrétiens lésés pendant les troubles, exemption d’impôts, pendant un an, pour les habitans réintégrés dans les villages brûlés par les Turcs.

8° Exécution immédiate des réformes promises dans le programme de février.

9° Licenciement des ilavés (rédifs de la seconde classe) ; plus de bachi-bouzouks.


IV

Le jour même où les deux ambassadeurs, comte Zinovieff et baron Calice, eurent remis à la Sublime-Porte le texte du programme de Mürzsteg, s’engage à Constantinople, à propos de l’application des réformes, une lutte serrée, dont le détail, compliqué en apparence, dissimule la réalité très simple d’une rivalité d’influences européennes. Le Sultan, qui avait accepté sans observations le programme de Vienne présenté par les « puissances de l’entente, » refuse avec obstination de connaître celui de Mürzsteg où il dénonce un empiétement manifeste sur ses droits souverains. La bataille s’engage à coups de notes et de contre-projets : d’un côté, la Sublime-Porte, forte des traités et des conventions qui assurent le respect de sa souveraineté, est soutenue par la haute influence de Berlin ; de l’autre, les « deux puissances les plus directement intéressées, » auteurs du programme, sont vigoureusement appuyées par l’Angleterre, l’Italie et la France. Le jeu est intéressant à suivre, sinon dans ses chicanes quotidiennes, du moins dans ses grandes phases.

Entraînées, par le poids de leurs signatures, dans une direction où elles auraient préféré ne pas s’engager, l’Autriche et la Russie subissent toutes les conséquences de leur acte. Ne pouvant réussir à imposer au Sultan leurs résolutions, et craignant d’ailleurs que ses résistances et son inertie ne provoquent une intervention directe des puissances occidentales, nous les verrons peu à peu conduites à assumer elles-mêmes la mise à exécution des réformes. La Porte, d’abord, rejette à peu près tous les articles de Mürzsteg, les uns comme attentatoires à la souveraineté et à l’indépendance du Sultan, les autres comme inutiles ou déjà réalisés. Dans de longues notes, elle fait grand état des réformes accomplies par Hilmi Pacha, de son administration énergique, des « mille fonctionnaires révoqués » par lui : tout ce qui est à faire, elle le fait ; tout ce que les puissances