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3 pour 100 à celle du chemin de fer d’Asie Mineure en demandant qu’une partie du revenu supplémentaire fût affecté à une garantie d’intérêts permettant d’entreprendre un nouveau tronçon.

Les négociations furent longues. L’Angleterre, soutenue par toutes les puissances commerçantes, subordonnait son consentement à l’amélioration du service des douanes ; elle demandait un meilleur traitement pour les échantillons, plus de soins dans les analyses en douane et l’installation de bâtimens nouveaux dans certains ports ; elle réclamait en outre une modification du régime des mines. Quand on parut être d’accord, on s’avisa qu’un protocole comportant modification des tarifs douaniers devait être soumis aux divers parlemens. Enfin, les petites puissances demandaient à être entendues. C’est le 25 avril dernier seulement que l’accord a été signé. La convention a déjà été approuvée par le Reichstag, et elle va être incessamment soumise au Parlement français. Il est entendu que 75 pour 100 du revenu supplémentaire seront affectés à la Macédoine ; le dernier quart sera, conformément aux lois, attribué au service de la dette, qui, de ce fait, ajoutera à ses attributions le contrôle des douanes. Le Sultan s’est engagé à réaliser toutes les améliorations réclamées par les ambassadeurs. Il est entendu que la convention sera communiquée aux puissances secondaires. On calcule que le nouveau droit donnera environ 19 millions de francs, dont la France supportera seulement un million et demi ; avec l’avance de 250 000 livres turques que la Banque ottomane s’est engagée à faire annuellement au trésor, l’État aura de quoi subvenir, ou à peu près, aux dépenses des trois vilayets.

Cette négociation clôt, pour le moment, l’histoire diplomatique et politique de la crise macédonienne. Elle a été, pour l’Angleterre, l’occasion de resserrer encore le contrôle européen sur l’administration turque ; elle laisse donc entrevoir la politique européenne dans les Balkans continuant une évolution dont nous avons cru nécessaire d’expliquer l’origine et de montrer le développement. Il nous restera, dans une dernière étude, à apprécier les résultats et à esquisser l’avenir de ces réformes que l’Europe a en tant de peine à arracher, morceau par morceau, à l’inertie défensive de l’empire ottoman.


RENE PINON.