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Contrairement à la politique qu’il poursuivait comme électeur de Hanovre, évidemment pour obtenir des agrandissemens territoriaux aux frais de la Prusse, George II jouait, comme roi d’Angleterre, le rôle d’un médiateur. Les succès rapides des Français dans les Pays-Bas et le débarquement de Charles Stuart, le prétendant, sur les côtes de l’Ecosse le forçaient à se rapprocher de la Prusse et à préparer la réconciliation de Marie-Thérèse avec Frédéric II. Telle était la raison pour laquelle l’Angleterre et la Prusse conclurent, le 26 août 1745, le traité de Hanovre, sur la base du traité de paix de Breslau. Les deux contractans y prirent les engagemens suivans : à l’élection impériale, Frédéric II donnerait sa voix à l’époux de Marie-Thérèse, et Georges II s’efforcerait d’obtenir l’adhésion à ce traité des cours de Vienne et de Dresde.

Les flatteries comme les menaces de l’envoyé anglais restèrent stériles. Rien, et l’offre de la voix du « Kur » électoral et de Brandebourg moins encore que toute autre chose, ne put ébranler la reine guerrière dans sa résolution d’anéantir son ennemi prussien. Le traité du 29 août 1745, conclu avec la Saxe, manifeste cette intention d’une manière évidente.

Les efforts de la Reine pour s’attacher la Saxe n’étaient donc pas restés infructueux. En ce qui concerne le Hanovre, elle dut se contenter du fait que l’Electeur avait toujours une attitude diamétralement contraire aux stipulations qu’il avait signées avec la Prusse comme roi d’Angleterre. Ce fut ainsi qu’il dit à Londres à l’envoyé autrichien que les ministres anglais avaient de « mauvaises intentions, » et qu’il serait enchanté d’y porter remède si c’était en son pouvoir. Mais il conseillait à Marie-Thérèse de ne répondre qu’avec la plus grande prudence, si son cabinet anglais le pressait de se joindre à la convention de Hanovre.

George témoigna des mêmes sentimens à l’occasion de l’élection impériale. Car, quoiqu’il n’eût dépendu que de lui d’amener Marie-Thérèse à composition, elle devait au contraire justement à ses efforts que le choix des électeurs fût tombé sur François-Etienne, son époux.


Devenu grand maître de la Cour, Jean-Joseph Khevenhüller resta jusqu’à la fin le conseiller et on peut dire l’ami de l’Impératrice. Comme il arrive souvent à la fin des plus grands règnes, des préoccupations d’avenir assiégeaient l’esprit de Marie-Thérèse. Le caractère et les idées de son fils lui