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Genève, ensuite par la réunion à Rio de Janeiro, le 21 juillet, du congrès panaméricain, où devaient être discutées diverses questions, — notamment la doctrine de Drago[1] — que le gouvernement de l’Union désirait soumettre à la conférence de La Haye. Par l’intermédiaire de M. Jusserand, ambassadeur de France, M. Roosevelt insista personnellement pour que la conférence ne fût, en tout cas, point convoquée avant le 20 septembre 1906 ; le gouvernement suisse exprima un vœu semblable et, au milieu d’avril, il devint notoire que la conférence serait remise au printemps de 1907. Aucune objection sérieuse n’était formulée contre le programme préliminaire qu’avait suggéré la Russie. La forme même dans laquelle il était présenté permettait d’ailleurs aux puissances qui souhaitaient le modifier, l’élargir, ou le compléter, d’exposer leurs idées sans provoquer de conflit. La latitude qui leur était laissée allait être, à bref délai, utilisée par deux d’entre elles.

À l’automne de 1906, le gouvernement anglais, d’accord en cela avec le gouvernement américain, fit en effet savoir par la voie diplomatique au gouvernement russe qu’il avait l’intention de poser devant la conférence de La Haye la question de la limitation des armemens. Le cabinet libéral que préside sir Henry Campbell Bannerman ne faisait ainsi que développer logiquement deux idées dès longtemps exprimées par lui. Dès le début de mars 1906, le premier ministre anglais, au cours de la discussion du budget de la Guerre, avait fait la déclaration suivante : « Le gouvernement estime que la marine constitue la principale défense des Iles Britanniques. Il la maintiendra aussi forte et puissante qu’il sera nécessaire. Mais il saisira toutes les occasions d’économie, soit pour l’armée, soit pour la marine, afin d’alléger le fardeau des contribuables. » Quelques semaines plus tard, le 9 mai, un député, M. Vivian, priait le gouvernement de « prendre des mesures énergiques en vue de réduire le drainage du revenu national et, à cet effet, d’insister pour faire comprendre la question de la réduction des armemens, au moyen d’un accord international, dans le programme de la conférence de La Haye. » Sir Edward Grey, secrétaire d’Etat aux Affaires

  1. La doctrine de Drago, qui a fait dans le Nouveau Monde l’objet de nombreuses controverses, a pour objet de déclarer que les puissances européennes n’ont pas le droit de récupérer par la force les dettes contractées vis-à-vis d’elles ou de leurs nationaux par les républiques sud-américaines.