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considérables de visiteurs qui viennent y faire de longs séjours et s’y imprègnent de nos usages et de nos goûts. Pour ce qui concerne plus spécialement les affaires, ils sont séduits par la beauté, par la belle qualité de nos marchandises et ils deviennent pour nous d’excellens cliens. Si les transactions commerciales que nous faisons avec eux, si les statistiques générales de notre commerce d’exportation sont inférieures comme chiffre global à celles des autres grands pays, nous pouvons hardiment dire que, grâce à l’élément artistique qui entre dans nos produits, le pourcentage plus élevé de nos bénéfices rétablit l’équilibre. Loin de nous effrayer ou de nous décourager, l’étude de nos ressources est de nature à nous stimuler ; nous pouvons beaucoup et devons faire plus encore. Nous serions impardonnables de ne point profiter amplement du grand développement de richesse qui se fait dans le monde entier et qui pousse ceux qui parviennent à la fortune à s’entourer d’objets de luxe, à s’accorder des satisfactions artistiques. Nous maintenir au courant de tous les progrès ; savoir profiter nous-mêmes des inventions de notre pléiade de savans, plutôt que de les laisser appliquer par les autres pays ; développer nos relations ; pénétrer partout où nous pouvons trouver de nouveaux débouchés ; ne point nous laisser enlever ceux que nous avons déjà : tel doit être le grand objectif de notre commerce extérieur. Pourquoi ne le faisons-nous pas suffisamment ? C’est ce que nous examinerons dans un instant, mais nous devons auparavant, pour achever le coup d’œil d’ensemble que nous venons de jeter sur les possibilités de notre commerce extérieur, dire un mot de nos colonies et de notre marine marchande.

Nous sommes assez bien partagés sous le rapport de nos possessions coloniales ; elles sont, certes, bien loin de valoir celles de l’Angleterre, et nos cœurs de patriotes peuvent saigner au souvenir de nos gloires passées suivies de pertes si cruelles ; mais si nous tenons compte des territoires encore libres après la chute du premier Empire, nous devons reconnaître que notre pays a fait depuis lors tout ce qu’il était en son pouvoir pour réparer le temps perdu. L’Algérie et la Tunisie sont d’admirables dépendances, en pleine prospérité, et qui se développent d’une façon constante et très satisfaisante : elles font grand honneur à la race française qui réfute là, d’une façon pratique, l’accusation imméritée d’être impuissante à coloniser.