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Enfin, nos affaires d’importation et d’exportation seraient certainement favorisées par la création à Paris d’une Bourse du Commerce extérieur, à l’instar de celles de Hambourg, d’Anvers et de Bruxelles, qui rendent de si grands services en centralisant toutes les nouvelles et en permettant aux négocians de se rencontrer et de traiter leurs affaires sans la moindre perte de temps.. M. Schnerb et M. Pector, tous deux conseillers du Commerce extérieur, cherchent en ce moment à réunir les capitaux nécessaires à la fondation de ce qu’ils appellent le Marché extérieur et colonial de France ; nous leur souhaitons de réussir.

L’Allemagne doit une partie des succès de son commerce d’exportation à la remarquable organisation de ses banques. Grâce à elles, les exportateurs peuvent offrir à leur clientèle, et cela sur une grande échelle, des crédits de six et neuf mois, quelquefois plus longs encore. Chez nous, au contraire, la grande banque d’affaires commerciales n’existe pas. Nous n’avons pas l’organisme qui, par des escomptes de papier très longs ou par des réescomptes successifs et assurés, permettrait à nos exportateurs de faire de longs crédits, soit directement, soit par l’entremise des banquiers privés qui les soutiendraient volontiers, mais à la condition de n’être point obligés pour cela d’immobiliser leur propre capital. Nos négocians ne trouvent à escompter que du papier à quatre-vingt-dix jours au maximum. Nous avons bien nos banques coloniales, mais elles sont spéciales à certaines de nos possessions et ne viennent pas en aide au commerce d’exportation vers l’étranger proprement dit ; elles sont établies, du reste, sur les mêmes principes d’escompte du papier à échéance relativement courte. Nos grands établissemens de crédit devraient, sous ce rapport, se souvenir que noblesse oblige ! Nous ne voulons certes point leur interdire de placer à l’étranger une partie des immenses dépôts que le public leur confie ; il est même bon qu’ils, sachent profiter des taux d’intérêts plus élevés qu’ils y trouvent. Mais tout en favorisant ainsi indirectement la concurrence que les commerçans et les industriels étrangers font aux nôtres pour le commerce extérieur, nos établissemens de crédit devraient, parallèlement, organiser, en France même, le crédit à long terme nécessaire à nos exportateurs ; ils en seraient récompensés par les taux avantageux auxquels ils placeraient ; les capitaux qu’ils y consacreraient. Nous ne rééditeront pas ici la récente brochure que Lysis a intitulée :