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intérêts divergens, mais à les servir tous sans en desservir aucun. On doit aux publications et aux congrès de l’Association centrale pour l’aménagement des montagnes d’avoir approfondi la question pastorale, si longtemps considérée comme l’éternel écueil du reboisement : ces travaux ont montré à quel point le montagnard devient son propre ennemi en augmentant la surface de ses pâturages aux dépens de la forêt, mère des sources ; combien est grande la solidarité d’intérêts entre les hautes et basses vallées ; combien est identique le problème de conserver à la montagne sa terre et ses habitans.

Quand ils seront bien convaincus que la forêt est l’élément indispensable de la prospérité pastorale, en même temps que la prospérité pastorale constitue la meilleure sauvegarde des forêts, tous les esprits élevés, qui sont en même temps les plus faciles à passionner pour l’accomplissement du bien et les plus timorés par la crainte de léser si peu que ce soit une catégorie quelconque d’intérêts, apporteront sans hésitation leur concours à l’œuvre patriotique du reboisement.

L’initiative se manifeste volontiers en France quand l’opinion publique est favorablement préparée sur une question et quand chacun se rend compte des services à rendre ; elle peut d’ailleurs prendre bien des formes, et tous peuvent s’y associer utilement par leur enrôlement dans les sociétés d’action ou de propagande, par leur contribution aux « fêtes de l’Arbre, » aux œuvres forestières scolaires, par leur exemple ou leurs conseils, par leur recherche des reboisemens fructueux et des capitaux susceptibles de s’y appliquer. L’œuvre est une, mais les moyens de la servir sont d’une infinie diversité et ils se prêtent un mutuel appui ; son éminente utilité lui donne droit à tous les concours, et ceux-ci seront d’autant plus efficaces qu’ils seront plus solidement groupés et plus sérieusement documentés.

Le moment est spécialement favorable ; l’action d’initiatives collectives pour des reboisemens effectifs, le développement d’un grand nombre de sociétés et de publications forestières, et jusqu’à la transformation des débats parlementaires montrent que la question des pelouses et forêts intéresse enfin l’opinion publique. La discussion des budgets de 1905 et 1906, dans laquelle on a entendu les députés de régions montagneuses réclamer énergiquement le relèvement des crédits affectés au reboisement, l’accélération des travaux projetés dans les