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LES CONDAMNÉS


Et tout cela sera poussière !
Et tout cela sera néant !
On ne la voit plus, la lumière,
Dans le fond noir du trou béant,

L’adorable et chaude lumière,
Que tous les deux nous aimons tant !
Oh ! si froide est la nuit dernière,
Où l’on doit entrer grelottant !

Et chère, ô toi qui m’y dois suivre,
Nous sommes-nous assez aimés ?
Dans ce temps qui nous reste à vivre,
Avant là-bas d’être enfermés,

Serrons-nous donc avec délice,
Rapprochons-nous passionnés,
Comme à l’approche du supplice,
Ils s’étreignent, les condamnés !

Avant les ténèbres farouches,
Nous n’avons pas assez uni
Nos mains et nos deux cœurs, nos bouches,
Brûlant du désir infini.

Et quand viendra la dernière heure,
Faudra-t-il se dire éperdu
Qu’il est trop tard, et que l’on pleure
Tant d’amour que l’on a perdu ?


MYSTÈRE


Oh ! ces cellules, ces atomes,
Unis en nous par des hasards,
Et qui font nos corps, ces fantômes,
Et mon âme, et mes yeux hagards,