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en prouvant aux fermiers l’énorme économie de coût du reboisement, fait par transplantation des pépinières, et non par semence sur des terrains mal préparés. L’étude du repeuplement embrassait, avec l’utilité comparative des espèces et leur adaptation aux conditions de sol, de climat et d’humidité, les bénéfices à espérer et le taux probable du revenu. C’est là un côté primordial de la question aux Etats-Unis. Les agriculteurs de l’Ouest ont été convaincus que les plantations peuvent être faites avec succès et qu’elles ajoutent à la valeur pécuniaire de leurs fermes. Ils ont trouvé moyen d’utiliser, sans dépense supplémentaire, les produits des forêts autres que le bois d’œuvre, les branchages et le houppier, naguère gâchés et abandonnés. Ils ont aussi approprié à la construction plusieurs sortes jusqu’ici peu usitées, mais abondantes.

L’introduction des méthodes perfectionnées de séchage et des traitemens préservatifs qui rendent le bois plus durable, réduira la contribution prodigieuse qu’imposent aux forêts de sapins les traverses de chemins de fer. Comment la demande, dans les conditions actuelles, pourrait-elle être indéfiniment satisfaite ? Si un arbre poussait à l’un et à l’autre bout de chaque traverse posée sur la voie le long des chemins de fer d’Amérique, tout le bois de ces arbres serait à peine suffisant pour renouveler cette traverse suivant les besoins du trafic. En d’autres termes, deux arbres doivent pousser dans les forêts rien que pour entretenir en permanence une traverse sous les rails. Or les traverses, aux Etats-Unis, sont souvent plus nombreuses, plus rapprochées qu’en Europe, en vue de remédier au défaut du ballast.

Par leur nouvelle gestion des « réserves, » où tantôt on laissait les arbres périr sur pied et tantôt on tombait dans le gâchage, les forestiers américains tirent de ces superficies immenses un revenu supérieur à ce qu’il était voici quelques années. Les ventes de bois y ont souvent augmenté et cette propriété d’un milliard 250 millions de francs est administrée pour 0, 33 pour 100 de sa valeur, qui s’accroît elle-même de 10 pour 100 par an.


VI

Je n’ai pas le projet, dans cette esquisse rapide, de passer en revue chacune des branches de la culture ; il y faudrait un volume et il serait plein de redites. En me bornant à indiquer