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Et sur chaque rameau mouvant
Qu’ont effleuré ton chant magique et tes paroles,
Mille corolles
Tremblent au vent.

Mais tu n’es plus l’enfant joyeuse aux fleurs pareille
Qui voltigeait comme l’abeille,
Ivre de miel et de parfums ;
Un dieu cruel t’a fait, malgré ton épouvante,
Régner vivante
Sur les défunts.

Dans l’ombre où s’éteindront nos soleils éphémères,
L’eau sombre et les graines amères
Ont calmé pour jamais ta faim ;
Tes yeux ont lu tous les secrets des tombes closes ;
De toutes choses,
Tu sais la fin.

Tu sais où nous conduit pas à pas notre voie,
Où s’en vont l’espoir et sa joie,
L’ivresse et l’orgueil du matin :
De tout ce qui palpite et vit, grandit ou germe,
Tu vois le terme
Et le destin.

Aussi des pleurs sont-ils mêlés à ton sourire,
Déesse du brumeux empire
Et des printemps tristes et beaux,
Qui, lasse d’assister à nos métamorphoses,
Répands des roses
Sur les tombeaux.

O Perséphone, notre amour qui chante et tremble,
Notre pauvre amour te ressemble ;
Il ne sourit plus qu’à moitié ;
Tout en semant de fleurs et de rêves sa route,
Il tremble, il doute,
Plein de pitié.