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l’impression de la continuité, nous aurons toute facilité pour suivre les mouvemens étudiés. Étant donné ces conditions qui, on le voit, rappellent l’artifice employé dans la machine d’Atwood pour ralentir un mouvement sans changer sa nature, la cinématographie est plus qu’une simple contre-épreuve, elle devient une méthode de recherche scientifique.

Il en est de même lorsque des mouvemens, des transformations nous échappent à cause de leur lenteur : la cinématographie, en présentant les images prises à longs intervalles de ces phénomènes avec assez de rapidité pour que les changemens survenus soient nettement perceptibles, en a grandement facilité l’étude. C’est ainsi qu’on l’applique aujourd’hui à l’observation du développement d’un animal, d’une plante, de certains embryons et que M. Pizon, dans ses remarquables travaux sur les Tuniciers, s’en est servi pour l’étude du mécanisme de la circulation chez ces animaux. Un astronome, M. Lowell, a même eu l’idée originale de l’employer à l’étude des groupes de canaux de la planète Mars. Depuis longtemps, d’ailleurs, les représentations cinématographiques ne nous ont-elles pas montré un rosier qui, en quelques secondes, pousse des feuilles, des fleurs et se fane, un paysage qui se couvre de neige, s’en dépouille, se garnit de feuillages et de moissons ?

Mais, en fin de compte, une question se pose. Par quel artifice de mécanique reproduire avec fidélité les mouvemens analysés soit à l’aide du chronophotographe, soit même à l’œil nu ?

Bien avant l’invention du chronophotographe, vers 1831, Plateau avait trouvé une solution du problème : il plaçait à la circonférence d’un disque de carton une série d’images, simples dessins représentant aussi exactement que possible les phases d’un mouvement ; en faisant tourner ce disque, on pouvait s’arranger de façon à reproduire pour l’œil l’apparence de ce mouvement. Seulement cet appareil, ce zootrope, comme on appelle aujourd’hui les machines de ce genre, ne permettait les observations qu’à une seule personne à la fois. Horper d’abord, Reynaud ensuite, lui ont donné des dispositions propres à permettre l’observation des images à plusieurs personnes. En particulier, le zootrope de Reynaud comportait : au centre, un prisme à plusieurs pans garnis de glaces ; à la périphérie, un tambour mobile sur la surface intérieure duquel se trouvaient