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séparation de l’Église et l’État envisagée comme conséquence nécessaire et comme garantie du principe. Cet « Essai, » qui formulait avec une grande hauteur de vues les desiderata essentiels des dissidens, eut beaucoup d’influence sur les décisions qu’ils allaient prendre.

Ceux-ci se constituèrent en 1848 en Église évangélique dans-la maison du pasteur Louis Brocher. La première assemblée générale de la nouvelle Église eut lieu à la Pélisserie, en 1849, qui est donc la date officielle de sa naissance. Six années plus tard, l’Église évangélique inaugurait sa grande salle de la rive droite. Toutefois, de graves divergences de vues commençaient de s’accuser chez les réformateurs. Le groupe de la Pélisserie montrait plus d’intransigeance et plus d’audace. Le groupe de l’Oratoire, plus accommodant et plus timide, s’écartait moins des formes de l’Église nationale. En 1882, deux membres laïques du presbytère ayant déclaré qu’ils ne pouvaient plus en conscience signer la confession de foi, cet incident suffit à provoquer la séparation des deux groupes dont l’un, le plus petit, devint l’Église indépendante de la Pélisserie, qui existe encore, mais n’a jamais eu beaucoup d’adhérens et ne tiendra qu’une place des plus médiocres dans l’histoire religieuse genevoise, et l’autre, ayant pris le nom d’Église évangélique libre de Genève, se donna dès 1883 une nouvelle constitution, que l’on révisa en 1891. La constitution de 1883 comportait une confession de foi plus large que celle que l’Église indépendante de la Pélisserie a voulu maintenir. La révision de 1891 n’y a rien changé. L’Église évangélique libre reconnaît les Saintes Écritures comme « règle unique et infaillible de foi. » Elle professe les doctrines fondamentales « de la chute de l’homme et du salut gratuit par la rédemption de Jésus-Christ. » Elle adopte comme résumé de sa foi le Symbole des apôtres. Elle tient que le Christ est le seul chef de l’Église. Elle accepte comme membres « quiconque adhère à cette profession de foi et ne la dément point par sa conduite. » Elle croit au sacerdoce universel des croyans, mais elle admet la nécessité de ministères spéciaux, et c’est pourquoi elle a des anciens, des pasteurs et des diacres : des anciens, auxquels sont réservées les fonctions administratives et qui veillent en outre à ce que l’enseignement des pasteurs soit conforme à la profession de foi ; des pasteurs, chargés de la prédication, de la « cure d’âmes » et de l’instruction religieuse ; des diacres, qui