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trouve l’emploi des qualités dont il est si justement fier : imagination vive, élocution facile, don de la persuasion, aptitude à présenter les choses et les hommes sous leur plus aimable aspect. Le nombre des négociateurs, professionnels ou amateurs, à l’affût d’une opération à traiter, devint incalculable. Ce fut surtout grâce à eux que les affaires se multiplièrent. A leur tête figuraient naturellement les courtiers en valeurs ou en marchandises dont l’intervention se justifie, en Égypte comme ailleurs, par les conditions toutes spéciales des transactions auxquelles ils participent, et qui comptent au surplus parmi eux des hommes sérieux et estimables. Il y a dix ans, les agens de change de la capitale n’étaient pas plus d’une demi-douzaine ; on en compte maintenant soixante, et il y en aurait deux ou trois fois plus s’ils n’avaient pris la précaution, en 1904, de se constituer en corporation fermée dont les membres, admis au scrutin, ont seuls le droit, par eux-mêmes ou par leurs représentans, de traiter les valeurs à la Bourse fondée au Caire, par leur initiative, cette année-là. Afin d’augmenter et de conserver leur clientèle, ils consentirent à quiconque était amené chez eux, des facilités de toutes sortes dont ils sont maintenant les premières victimes et dont le résultat ne pouvait être que déplorable. Plusieurs spéculaient ouvertement pour leur propre compte, partagés en clans qui engageaient, autour de la corbeille, des luttes dont les échos irritaient encore l’excitation du public. Leurs remisiers parcouraient la ville, suggestionnant les petits commerçans, les employés de bureau, pour en obtenir des ordres qui impliquaient des engagemens en disproportion évidente avec les ressources de ces cliens d’occasion.


II

Si ces spéculations avaient été soutenues avec les ressources de ceux qui s’y livraient, si même elles n’avaient dépassé ces ressources que dans une mesure raisonnable, elles n’auraient causé d’autre mal que des ruines particulières. Il en serait même résulté un nouvel accroissement de la richesse générale. C’est en partie grâce à la témérité des souscripteurs locaux que tant de sociétés ont pu se constituer et ensuite augmenter leur capital, travaillant heureusement au bien du pays, tout en réalisant de gros bénéfices. Par, exemple les grands progrès de la